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Jean-Léon Le Prevost
Lettres

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  • Lettres 1 - 100 (1827 - 1843)
    • 74  à M. Levassor
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74  à M. Levassor

Renseignements sur les cours du Séminaire St-Sulpice. Activités de la Société de St-Vt-de-Paul et de l'œuvre des Apprentis. Décès de deux confrères, dont G. de la Noue. La conférence St-Sulpice essaime à St-François-Xavier-des-Missions.

 

Paris, le 19 février 1838

Mon bien cher ami et frère,

Il est grand temps de tenir la promesse que j'avais faite de vous écrire; peut-être même jugez-vous qu'il n'est plus temps et que pour arrêter une détermination sur le point dont vous m'aviez parlé, il vous fallait plus à l'avance avoir des renseignements. Les voilà, mon cher ami, il vous restera encore tout le saint temps du Carême pour y réfléchir et pour demander conseil au bon Dieu. St-Sulpice étudiera après Pâques le dogme de la Grâce, en morale, les Contrats. On ne saurait trouver plus importante matière et j'espère bien que vous voudrez venir ici la travailler. Vos confrères Estève, Lambert, de Goy et autres en ont aussi un sincère désir; tâchez de les satisfaire, si c'est d'ailleurs la volonté du Maître suprême à qui vous appartenez.

Je ne sais si vous avez eu des nouvelles de notre pauvre Mme Houdan; elle languit encore toujours s'affaiblissant et déclinant de jour en jour. Le Seigneur accomplit en elle l'œuvre d'une purification entière; espérons qu'après tant de souffrances, il la jugera digne du ciel. Son fils aîné est arrivé et se trouve près d'elle. Il sera là pour lui fermer les yeux; il est bien jeune, mais c'est une leçon bien grande aussi et bien solennelle que celle de la mort d'une mère et d'une mère si chrétienne. Le souvenir lui en restera et influera sans doute utilement sur son avenir. Puisque nous parlons de sujet si grave, je dois vous dire que nous avons, ces jours passés, perdu notre cher confrère Gustave de la Noue, le poète, l'écrivain! Il est mort dans les sentiments les plus touchants de piété et de résignation. Un autre membre aussi de notre section St-Sulpice est mort le même jour et a été enterré à la même heure. Il a été enlevé en 24 heures par une fièvre cérébrale, et si inopinément qu'aucun secours religieux n'a pu lui être donné; heureusement, il vivait en saint. J'espère que la mort ne l'aura point surpris.

Notre petite Société qui vous intéresse toujours va jusqu'ici assez bien. Outre plusieurs sections nouvelles qui se forment en province, trois s'établissent en ce moment à Paris; à St-Nicolas , à St-Germain-des-Prés et aux Missions. Cette dernière est une colonie de St-Sulpice. Elle s'assemble chez les Lazaristes, près des reliques de notre bienheureux patron saint Vincent de Paul. Nous espérons que cela lui portera bonheur et que l'esprit de charité sera au milieu d'elle. Je la recommande ainsi que toutes les autres, à vos prières. Nos apprentis vont bien, nous en avons 15; le bon M. de Kerguelen ne les a point encore quittés. Une loterie est en action pour soutenir et agrandir cette petite œuvre. On parle aussi d'un sermon. Si tout cela va bien, nous essayerons d'avoir une nouvelle série d'apprentis qui seraient ciseleurs en bronzes. Priez bien pour que Dieu nous bénisse et que tout cela soit purement pour sa gloire.

Vos bonnes femmes vont passablement. Le bon M. Urvoy83 ici pour quelque peu de temps, s'occupe de la chère Mme Delatre. La fille de cette pauvre dame languit tristement et marche, je crois, à une fin peu éloignée. Que de morts et de mourants! mon cher ami, cette courte lettre en est toute pleine; mais, j'en parle sans tristesse et vous m'écouterez de même, car tous meurent dans le Seigneur et nous ne pouvons qu'envier leur sort. Adieu, mon bien cher frère, je vous attends bientôt, votre présence me fera du bien et m'encouragera à aimer Dieu que je sers avec un certain mouvement, mais je le crains, sans beaucoup avancer... Adieu, je prie toujours pour vous, priez constamment pour moi.

Votre dévoué frère en J.C.

Le Prevost

 

 





83 Olivier Urvoy de Saint-Bedan (1812-1861), près de Nantes, avait étudié à Paris et connut MLP. à la Conférence de St-Sulpice. Son père s'étend opposé à sa vocation religieuse, ce n'est qu'en 1859, à plus de 46 ans, qu'il sera reçu dans l'Institut. "Par le désir, il est le premier de tous nos Frères, à avoir voulu, bien avant 1845, s'unir à notre Fondateur pour se dévouer aux œuvres charitables." (G. Courtin, Nos premiers frères autour de leur père, 1974, ASV). MLP. écrira qu'il "était le plus saint parmi nous; il pratiquait les vertus religieuses à un degré bien rare de notre temps", (lettre 747).





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