85  à M. Levassor

Demande des instructions pour ses trois pauvres protégées. Le monde et Dieu.

Paris, 28 octobre 1840

Mon cher ami,

Votre silence prolongé m'inquiéterait un peu si je ne songeais qu'au milieu d'une situation nouvelle, vous avez dû vous trouver bien à court de temps. Je me borne donc à réclamer le premier instant de loisir que vous pourrez me consacrer et vous demande seulement, en attendant, quelque souvenir devant Dieu, car cela ne prend guère de temps et coûte bien peu; Dieu pourtant s'en contente et nous en tient grand compte. Je voudrais bien aussi deux lignes, deux seulement, si vous n'en pouvez mettre trois, pour me dire vos intentions au sujet de vos bonnes protégées. Notre Conférence étant obérée n'a pu rien faire ce trimestre, tout ce que j'ai pu réunir s'est réduit à 10f. Je les ai donnés à M^me Meslin et j'en ai fait autant pour M^me Delatre, mais l'une et l'autre sont désespérées d'une pareille réduction, M^me Delatre surtout. M. Hanicle qui l'aidait un peu, vient d'être appelé à la cure de St-Séverin et ne pourra plus l'aider, tout lui manque à la fois. Voyez, mon cher ami, si avant de prendre là-bas de nouveaux engagements, le bon Dieu ne préférerait pas que vous continuiiez à faire ici un peu du bien qu'il vous a conseillé de faire durant tant d'années.

Tout va ici passablement pour notre petite Société. Le monde autour de nous n'est pas beau, mais Dieu nous garde, nous nous remettons entre ses mains.

Votre ami affectionné et frère en N.S.

Le Prevost