95-1  à M. Bailly

Sollicité pour prendre sa succession, MLP. ne peut accepter.

Paris, 20 mai 1843

Monsieur et ami,

Vous avez cherché parmi nous un membre qui fît preuve de dévouement pour notre chère œuvre de St-Vincent et, en vous souvenant que déjà nous avons passé ensemble bien des jours tant bons que mauvais, vous avez jeté les yeux sur moi.¹⁰⁵

Votre confiance m'a vivement touché, et si je n'écoutais qu'un premier élan du cœur, j'accepterais sans hésiter la tâche que vous vouliez me donner; mais ici, la volonté ne suffit pas, il faut des moyens qui répondent à l'importance de l'œuvre et ces moyens me manquent. Vous savez que ma santé est débile¹⁰⁶; elle l'est vraiment plus que cela ne paraît encore; vous connaissez aussi quelques-unes des charges imposées à ma faiblesse, mais je ne vous les ai pas toutes dites. Je tenterais la Providence si j'allais au-delà, et je compromettrais l'œuvre si excellente dont j'accepterais la responsabilité.

Je suis sincèrement attristé du moment d'embarras que ce refus vous peut causer, j'irai vous voir au plus tôt afin de chercher avec vous, si vous y consentez, les moyens meilleurs qui peuvent être sous votre main; mais j'ai grande confiance du reste dans la protection divine qui ne nous a jamais manqué et qui depuis 10 ans nous a soutenus et développés. Nous désirons le bien et nous nous offrons à Dieu pour l'accomplir; Dieu ne nous rejettera pas: nous l'en prierons d'ailleurs, et moi surtout, qui puis si peu autrement, je donnerai par cette voie, tout ce qui me reste et d'ardeur et de forces.

Agréez, Monsieur et ami, les assurances accoutumées de tout mon respectueux attachement.

Le Prevost