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Jean-Léon Le Prevost Lettres IntraText CT - Lecture du Texte |
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129 à M. LevassorNouvelles de la santé déclinante de sa mère. Comment éprouver la vocation et les aptitudes intellectuelles des futurs membres de son Institut.
Je n'ai pu répondre moi-même à votre lettre; de tristes nouvelles que j'ai reçues de Normandie m'ont obligé à partir précipitamment pour soigner ma pauvre mère qui vient d'être frappée de paralysie de tout un côté du corps; on m'avertissait que le médecin, après avoir déclaré d'abord qu'il n'y avait pas de danger immédiat, avait récemment reconnu que les accidents devenaient plus graves et qu'il n'y avait pas de temps à perdre pour me faire venir. Vous jugez, cher ami, avec quelle hâte je suis parti, deux heures après la réception de la lettre, j'étais sur le chemin et le soir à 6h.1/2, j'arrivais près de notre chère malade. Je l'ai trouvée un peu soulagée, ou du moins avec une fièvre moins violente, mais toujours dans le même état de paralysie, et sans aucun effort de la nature, une énergie intérieure qui pourrait nous rassurer. Depuis 20 jours, ma pauvre mère âgée, vous le savez, de 83 ans, n'a rien pris absolument que quelques cuillerées de boisson rafraîchissante qui passent bien difficilement et sans aucun goût. Le médecin ne me dissimule pas que cet état ne saurait se prolonger sans épuiser le peu de forces qui restent à la malade et je vois bien moi-même que la situation est grave, mais je remets tout aux mains du Seigneur qui nous envoie et nous rappelle à son gré pour sa gloire et notre bonheur. Ma bonne mère a du reste gardé toute sa présence d'esprit; le matin elle me fait mettre à genoux près de son lit pour lui dire à haute voix une petite prière qu'elle suit et qu'elle répète même avec moi; le soir, je remplis le même devoir avec une grande consolation pour elle et dans la journée je lui fais une lecture pieuse qu'elle goûte aussi beaucoup. Ces dispositions et la vie laborieuse et chrétienne de mon excellente mère me remplissent d'espérance, sinon pour le temps, du moins pour l'éternité. Je recommande, cher ami, tout particulièrement cette chère malade à vos prières et je suis bien assuré qu'elles ne sauraient lui manquer. M. de Messey, cher ami, a dû vous écrire de nouveau pour vous donner tous les détails que vous pouvez désirer sur le sujet qu'il vous a proposé. Je l'en ai prié, au moins par un mot que je lui ai écrit en hâte avant mon départ. Le p. Milleriot, jésuite,139 qui connaît ce jeune homme, pense qu'il y a chez lui des indices d'une vocation non encore bien définie et qu'il pourrait passer utilement près de vous un an ou deux pour s'éclairer plus complètement. Un jeune ecclésiastique, que sa santé empêche de rester au Séminaire du St-Esprit où il était entré, m' a écrit aussi la veille de mon départ qu'il se déciderait à se rendre près de vous, si vous vouliez l'agréer. Je ne le connais pas, mais il m'a été présenté par un prêtre respectable; j'ai répondu que vous aviez d'autres propositions dont il fallait attendre l'issue; enfin j'ai fait la même réponse à un jeune laïc que m'a envoyé M. l'abbé Ledreuille. Je manque entièrement de renseignements sur lui et ce serait une affaire à instruire attentivement sur les lieux; son extérieur a l'air assez satisfaisant. Sa figure est fatiguée, je ne sais si c'est à la maladie, aux privations ou à quelque autre cause qu'il faut l'attribuer, je n'ai pu l'interroger assez pour en juger. Durant mon absence, je ne semble guère propre, à mon grand regret, cher ami, à suivre cette affaire, pourtant je serais disposé à faire par correspondance tout ce que vous croiriez utile. M. de Messey (le Cte Henri de Messey, 82 rue de Grenelle) fera ce que vous lui direz, cher ami, du petit novice que la Providence vous a envoyé pour notre maison; je vous remercie de la tendre sollicitude que vous montrez à ce sujet et j'augure bien d'un frère qui nous arrivera par vos mains. Je crois, cher ami, qu'il est désirable que ce bon petit enfant cultivé un an ou deux par vous achève d'éprouver sa vocation. Je trouve d'ailleurs que c'est une bonne pensée que de lui faire continuer ses études, s'il a quelque aptitude pour cela; la science est un instrument précieux qui sert grandement à faire le bien, jamais les nôtres n'en auront trop, s'ils sont humbles en même temps qu'éclairés; tâchez, cher ami, que votre petit novice soit l'un et l'autre à la fois et nous l'accueillerons plus tard à bras ouverts. Nous n'avons rien de nouveau pour cette œuvre, cher ami, sinon qu'elle a sa vie dans nos cœurs et, je le crois aussi, en plusieurs autres âmes; mais cela marchera lentement avec épreuve et peine, nous nous y attendons, et nous aurons, je l'espère, des grâces en proportion des difficultés. Demandez-le à Dieu, cher frère, au sein duquel nous avons remis cette pensée avec un ardent désir de la voir tourner à sa gloire. A vous bien tendrement en N.S. Le Prevost
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139 Apôtre infatigable de l'œuvre de la Sainte-Famille et de la Société St-F.-Xavier. |
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