Conditions d'accueil à la Maison de la rue du Regard.
Retraite de la
Sainte-Famille à l'église des Carmes.
Paris, 1er août 1846
Mon bien cher frère,
Votre chère lettre me trouve presqu'au débotté d'un
voyage que je viens de faire pour prendre les bains de mer, et au moment d'en
recommencer un autre, afin de confirmer la très mince amélioration apportée à
ma santé par les bains. A mon grand regret, mon très cher frère, notre petite
Communauté n'est pas en mesure d'exercer l'hospitalité envers l'excellent frère
que le bon Dieu a daigné nous donner dans votre maison. Je n'ai pas encore pris
position ostensiblement rue du Regard, et je désire que mon séjour n'y soit
connu qu'après l'arrangement assez prochain maintenant de mes affaires, je suis
donc obligé de me tenir dans l'ombre et de n'appeler en aucune façon
l'attention de nos Confrères sur notre pauvre petit ménage. Plus tard, je
l'espère, notre situation deviendra plus indépendante et nous permettra
d'admettre près de nous ceux que le cœur nous associe déjà si intimement.
Pour répondre au désir que vous me témoignez
d'avoir pour votre jeune frère un asile convenable d'un prix modéré, j'ai
demandé à M. Bourlez si, prenant en considération le dévouement de ce bon jeune
homme à une œuvre de St-Vincent-de-Paul, il ne pourrait le recevoir chez lui à
un prix aussi réduit que possible. Il m'a répondu que, pour
concourir à vos vues et aux nôtres, il l'admettrait moyennant 3f par jour pour la nourriture
et le logement, je trouve que c'est bien cher encore, mais je ne vois rien de
mieux; peut-être pourrai-je d'ici à l'arrivée de M. Mayer trouver quelque parti
meilleur.
Je n'ai pas besoin de vous dire d'ailleurs, cher ami, que
cet excellent jeune homme dont les sentiments sont si bien en accord avec les
nôtres sera accueilli avec toute l'affection possible par nous; je regrettais
pour ma part de n'avoir pas eu l'occasion de le connaître avant son départ pour
Chartres et je suis charmé qu'une circonstance favorable le ramène pour quelque
temps à Paris.
Je recommande tout particulièrement à vos prières la
retraite de notre Sainte-Famille, qui va s'ouvrir le 9 de ce mois pour se clore
au jour de l'Assomption par une communion générale. Elle aura lieu à l'église
des Carmes et sera donnée par M. l'abbé Vernois, prêtre de la Miséricorde qui a une
assez grande réputation pour ce genre d'exercices. Croyez, mon bien cher frère
aux sentiments de tendre dévouement avec lequel je suis en N.S.
Votre tout dévoué frère en N.S.
Le Prevost
Le f. Myionnet se rappelle aussi à vos bons souvenirs
devant Dieu.
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