M. Maignen a quitté brusquement sa famille et son emploi
et se trouve auprès de MLP. Que M. Myionnet aille rencontrer l'abbé Beaussier pour prendre conseil. MLP. a pris
sur lui d'envoyer M. Maignen à Chartres chez M. Levassor et espère que M.
Myionnet approuve son initiative. Souliers à envoyer à M. Maignen.
Duclair, 3
septembre 1846
Mon bon frère,
Vous devinez le sujet de cette lettre, M. Maignen est
près de moi depuis quelques heures; il a donné sa démission de son emploi au
Ministère de la Guerre,
il a brisé ses liens et se croit libre de s'unir à nous.
Je me sens trop ému d'un événement si grave et si
inattendu pour avoir une idée bien nette, dans ce premier moment, sur ce qu'il
conviendrait de faire. D'ailleurs, je n'ai pas seul à émettre mon avis. J'ai
répondu à notre cher frère qu'il fallait consulter M. Beaussier et vous-même et
prendre surtout les inspirations de Dieu par un peu de prière et de réflexion.
J'écris aujourd'hui même à M. Beaussier. Je vous prie de
le voir afin de conférer avec lui et de m'écrire ensuite ce que vous trouvez à
propos l'un et l'autre de décider. Priez M. Beaussier de vous lire ma lettre
qui est un peu plus détaillée que celle-ci.
En attendant, comme M. Maignen, en restant près de moi,
pourrait être inquiété par les siens et qu'il convient qu'il réfléchisse en
liberté, je l'engage à se rendre près de M. Levassor qui l'accueillera, j'en
suis sûr, tendrement et à passer chez lui quelques jours.
J'espère, cher ami, que cette disposition aura
votre approbation. Ecrivez-moi vite et directement. M. Maignen me dit que vous
avez remis pour moi une lettre à mon Ministère, elle ne m'est pas encore
parvenue.
Adieu, cher frère, je vous embrasse cordialement et suis
en N.S.
Votre tout dévoué frère
Le Prevost
M. Maignen est parti si fort en hâte qu'il n'a pas même
pris le temps de mettre à ses pieds des chaussures de voyage; ses souliers sont
presqu'en pièces, il en a commandé, chez notre cordonnier, rue Mazarine, une
paire qui doit être prête demain vendredi; il faudrait, cher ami, que vous ayez
la bonté de les prendre et de les lui envoyer le plus tôt possible à Chartres.
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