154  à M. Levassor

MLP. demande à M. Levassor, son ami intime, d'accueillir M. Maignen. Il pourra l'aider à réfléchir sur son désir de vocation.

Duclair, 3 septembre 1846

Cher frère,

Je viens réclamer un témoignage de ce généreux dévouement que j'ai trouvé sans bornes jusqu'ici et sur lequel je compte aussi sans limites.

Le bon et pieux jeune homme dont je vous ai parlé jadis et qui désire se dévouer avec nous au service du bon Dieu, vient de s'échapper en brisant sa chaîne et demande à prendre place dans notre petite Communauté.

Sa détermination a été si brusque et si inattendue qu'elle semble demander de sa part et de la nôtre un peu de réflexion et surtout un peu de prière, afin de connaître mieux la volonté de Dieu. Il importe d'ailleurs qu'il s'éloigne un peu de Paris pour n'être pas inquiété par les siens dans ce premier moment. Il est venu me rejoindre ici, mais toute sa famille sait bien l'intime union qui existe entre nous, et c'est ici avant tout qu'on aurait la pensée de le chercher. Il faut donc, cher ami et frère, que pour quelques jours vous accueilliez cet enfant, que vous le conseilliez, l'encouragiez, l'aimiez surtout, ce qui ne vous sera pas difficile, et à cause de lui-même, et à cause de vos propres dispositions.

C'est vers vous, mon cher frère, que ma pensée s'est d'abord tournée, quand j'ai cherché où j'aurais un autre moi-même pour recueillir cette chère âme et l'abriter pour quelques jours; je suis assuré, cher ami, que c'est à notre divin Maître et à sa Sainte Mère que je dois cette inspiration; je vous demande donc, en leur nom, un bon et paternel accueil pour mon jeune ami.

Tout à vous de cœur en N.S.

Le Prevost