167  à M. Levassor

Remerciements pour l'hospitalité donnée au jeune Maignen. Incertitude quant au futur logement de la petite Communauté, qui est dans "la main de Dieu".

Paris, 8 octobre 1846

Mon bien cher frère,

Comment vous remercier assez de l'aimable accueil que notre jeune frère a reçu dans votre maison; si vous eussiez été présent, rien de mieux, je sais jusqu'à quel point vous êtes dévoué pour vos amis et pour votre frère indigne en particulier, je n'eusse trouvé rien que d'attendu dans votre généreuse hospitalité. Mais qu'en votre absence l'excellent M. Mayer ait pu présumer assez de votre bonté pour recevoir notre ami, le traiter en frère et se faire votre remplaçant près de lui, c'est là ce qui me charme, cher ami, et accroît, s'il se peut, ma tendre affection pour vous. Une pareille confiance, en effet, montre tout ce qu'il y a en vous de vraie charité, et combien ceux qui vous entourent savent l'apprécier. Notre jeune f. Maignen, dont M. Mayer vous aura dit, je pense, un peu de bien, est très touché, de son côté, des témoignages de bienveillance qu'il a reçus chez vous et aussi de la part de votre famille; il veut exprimer lui-même sa sincère gratitude.

Les difficultés que rencontrait la vocation de notre ami se sont aplanies; sa famille, voyant sa ferme détermination, a fini par accepter le fait consommé. Il est déjà en plein exercice de ses fonctions dans l'œuvre du Patronage où il seconde l'excellent M. Myionnet. J'espère que le bon Dieu que vous prierez pour nous, j'en suis assuré, bénira notre petite famille naissante et maintiendra parmi nous l'union et la sainte charité.

Nous aurons grand plaisir, cher frère, quand vous viendrez ici, à vous voir au milieu de nous et nous tâcherons, à notre tour, de vous accueillir autant bien que nous pourrons. Jusqu'ici, nous sommes campés plutôt qu'installés dans la maison où nous nous trouvons; elle doit nous rester pour deux mois à peine et nous n'osons y rien disposer; à l'heure qu'il est, nous ignorons encore où nous irons; le patronage n'a pas de local en vue; aurons-nous un asile près du siège de l'œuvre ou nous en tiendrons-nous séparés, nous n'en savons absolument rien; cette incertitude est singulière, mais elle convient bien aux œuvres qui sont dans la main de Dieu.

Adieu, très cher frère, je recommande notre petite Communauté à vos bonnes et ferventes prières, vous demandant, à titre de vieil ami, un souvenir particulier pour

Votre frère dévoué en N.S.

Le Prevost

16, rue du Regard

Mille affections dévoués au bon M. Mayer.