Détails sur la toute nouvelle Conférence de Grenelle. A
une demande d'admission, MLP. joint une demande de fonds pour aider la Conférence naissante.
Paris, 31
juillet 1847
Monsieur le Président,
M. le Marquis de Raincourt, notre confrère, a bien voulu
m'associer aux tentatives qu'il a faites pour créer au village de grenelle,
près Paris, une Conférence de St-Vincent-de-Paul et m'a laissé le soin en
partant de faire connaître au Conseil général le résultat de nos efforts.
La plus grande difficulté à surmonter ici, comme en
beaucoup d'autres lieux, était de réunir quelques éléments pour la composition
de la Conférence.
Sur quatre hommes en effet, que M. le Curé de Grenelle
nous avait désignés, après de longues recherches, comme réunissant les qualités
essentielles, l'un refusait obstinément de nous prêter son concours, deux
autres demandaient un ajournement de plusieurs mois, le dernier enfin partait
pour un voyage assez long. Toutefois nous n'avons pas perdu courage et nous
sommes parvenus, à force de visites et d'instances, à rassembler sept membres
indigènes. MM. Myionnet, Maignen et moi, qui avons un pied-à-terre à Grenelle
et y revenons tous les soirs, nous pourrons nous adjoindre à eux. Nous avons,
en outre, obtenu le concours de MM. de Verseil et Planchat, membres de la Conférence de
Vaugirard; enfin plusieurs confrères de St-Sulpice veulent bien aussi, pour les
commencements, nous prêter leur charitable assistance. Avec tous ces moyens
réunis, la Conférence
naissante de Grenelle comptera 20 ou 22 membres actifs dont je remettrai lundi
prochain la liste à M. le Secrétaire du Conseil général.
La Conférence a déjà eu
plusieurs séances et s'est constituée provisoirement dans les formes que nos
usages ont consacrées. Tous ses membres ont déclaré d'ailleurs adopter de plein
cœur l'esprit et les dispositions du règlement de la Société de
St-Vincent-de-Paul.
La seule œuvre dont on pourra s'occuper dans les
commencements est la visite des pauvres. Vingt-cinq familles ont été adoptées,
et ont déjà reçu des premiers secours en pain, viande et vêtements. Du reste,
la matière ne manquera pas au zèle des associés; le pays qui compte 8000 âmes,
se compose presque uniquement de familles ouvrières, toutes pauvres, toutes
chargées d'enfants, et malheureusement aussi presque toutes vivant dans une
indifférence complète pour les choses religieuses, dans un oubli absolu de
leurs premiers devoirs. Une demi-douzaine d'hommes, quelques femmes, des
enfants jusqu'à la première Communion et quelques pensions composent tout le
troupeau du Curé qui, depuis 7 ans, épuise tous les efforts de son zèle pour
ramener au moins quelques brebis au bercail; ses tentatives ont été presque
sans fruit; il semble profondément découragé.
Notre présence lui a rendu quelqu'espérance; accueillis
d'abord par lui avec une extrême défiance, nous sommes enfin parvenus à nous
faire bien comprendre de lui et nous avons acquis sa bienveillance et son
appui.
Tout nous laissant espérer, Monsieur le Président,
que la Conférence
de Grenelle s'asseoira définitivement et pourra produire quelque bien dans ce
malheureux pays, nous venons solliciter son admission dans la Famille de
St-Vincent-de-Paul.
Nous demandons en même temps les prières du Conseil
général et les vôtres tout particulièrement, Monsieur le Président, pour que
cette semence jetée sur une terre si aride soit bénie du Seigneur et reçoive
l'accroissement.
Déjà pour notre part, nous avons adopté ici les prières
de la Société
et nous avons mis en union avec elle nos vœux comme nos œuvres naissantes;
notre association a donc déjà commencé par le fait, elle n'attend plus pour se
réaliser entièrement qu'une reconnaissance officielle et la sanction de nos
premiers actes.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, les sentiments
respectueux avec lesquels je suis
Votre très humble et très dévoué serviteur et confrère
Le Prevost
Président de St-Sulpice
P.S. J'aurais quelque scrupule à demander des secours
pour la Conférence
de Grenelle en même temps que je sollicite son agrégation, si M. de Raincourt,
prenant les devants, n'avait déjà porté la requête au Conseil de Paris.
Les ressources dont nous pourrons disposer quant à
présent sont extrêmement restreintes et resteront telles jusqu'à ce que la Conférence, mieux posée
et plus connue dans le pays, s'y soit créé quelques appuis. Le concours
momentané de nos Confrères de St-Sulpice nous a permis de réaliser dans notre
caisse une somme de 100 et quelques f., mais elle est déjà en partie absorbée
par nos dépenses qui excèdent constamment les recettes courantes.
Nous vous prions donc, Monsieur le Président, de mettre
notre demande sous les yeux du Conseil de Paris et de l'appuyer de votre avis
bienveillant.
L. P.
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