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Jean-Léon Le Prevost Lettres IntraText CT - Lecture du Texte |
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179 à M. MyionnetMLP. réconforte M. Myionnet inquiet des difficultés de sa vie spirituelle. C'est sur la conscience que nous avons de notre faiblesse que Dieu construit notre sanctuaire intérieur. Détails matériels concernant les soins du ménage à Grenelle.
Je vous écris séparément pour causer un peu avec vous comme nous le faisons le lundi au soir, et j'écris aussi au f. Maignen sous ce même pli. Votre lettre, mon bon ami, m'a fait grand plaisir, elle est bonne, ouverte et confiante et me montre bien vos excellentes dispositions; elle me rassurerait plus, s'il était besoin, sur l'état de notre œuvre que tous les raisonnements du monde, car là où est le bon esprit, la droiture d'intention, le sincère amour du bien, là est la grâce du Seigneur et son tout puissant appui. Ne vous tourmentez pas pour vous-même, cher ami; vous savez que si nous ne nous jugeons pas sûrement nous-mêmes, nous nous trompons bien moins sur les autres; j'oserais vous dire que ma sollicitude fraternelle n'est pas en défaut à votre égard et que je vois sainement en ce qui touche vos dispositions. J'aperçois bien çà et là quelques impressions de la nature mauvaise, mais je vous vois en même temps les combattre et les réprimer. Tant qu'il en est ainsi, cher frère, on peut être en paix, on est dans le bon chemin, et le Seigneur est près de nous. Ce qui vous alarme, ce qui me trouble parfois pour moi-même, c'est que ces luttes contre la nature rebelle sont plus fréquentes pour nous et plus acharnées qu'en autre temps; qu'au lieu d'avancer, nous semblons quelquefois reculer, et, comme vous le dites, débâtir ce que le Seigneur a édifié. C'est fausse apparence, j'en suis convaincu, cher frère, vous ne valiez pas mieux autrefois, mais vous voyiez moins votre misère, Dieu la contenait lui-même à cause de votre faiblesse et vous preniez sa force pour la vôtre propre; aujourd'hui, plus confiant en vous, il s'est retiré, vous voyez où vous en êtes et vous avez peur; je puis dire nous avons peur; mais je sens moi, au fond du cœur, que notre divin Maître ne nous a pas délaissés, qu'Il nous laisse combattre et résister, afin que nous soyons courageux et humbles tout ensemble, mais qu'Il lutte avec nous et nous fera triompher avec Lui. Avançons donc toujours, ne regardons pas trop à nos pieds, l'important pour nous est de persévérer et de marcher, car, je le répète, nous sommes dans le bon chemin, si nous allons, nous arriverons. Je souffre comme vous beaucoup de ce dépouillement qui met à nu nos faiblesses pour nous, pour les autres quelquefois, mais cette impression humiliante et pénible est le signe de l'action salutaire du Seigneur et doit réjouir un cœur dévoué comme le vôtre; dans mes moments choisis, je prends ainsi l'épreuve, j'en goûte l'amertume et me contente de dire: Tout est bien, mon Dieu, j'accepte tout, pourvu que vous soyez glorifié; après cela, je suis tranquille et me sens consolé. Soyez dans cette disposition, cher ami, et croyez bien que si je vous voyais fléchir, je ne manquerais pas de vous avertir; à l'occasion, faites de même pour moi; ainsi, nous ferons la garde l'un pour l'autre et nous servirons réciproquement d'appui. Je reviendrai près de vous, cher ami, vendredi prochain 10, et je pourrai me trouver, je l'espère, à Grenelle pour dîner avec vous. Surveillez de votre mieux notre petit intérieur domestique, afin que nous évitions, s'il se peut, les tristes épreuves qu'il nous a fallu accepter autrefois. Occupez Louis beaucoup, c'est le meilleur moyen d'éviter l'oisiveté et ses funestes conséquences. Dites-lui, je vous prie, que je demande expressément qu'il ait nettoyé à fond pour mon arrivée la boutique que nous aurons sans doute à employer pour la bibliothèque. Il faut aussi qu'il nettoie minutieusement la chambre à alcôve dont l'escalier donne dans le jardin. C'est là que je voudrais mettre M. Gautier s'il vient faire une retraite à Grenelle. C'est aussi là que nous irons tour à tour, lorsque nous serons en retraite, afin de nous mieux recueillir en étant plus séparés des autres. Il est nécessaire que les vitres soient lavées, le carreau frotté, les cabinets bien balayés, le tout avec un soin parfait; recommandez-lui cela expressément. Pendant que je suis au ménage, j'ajoute qu'il faut couvrir les confitures qui sont restées exposées à la poussière. Les pots qui sont sur les deux marches inférieures de l'escalier doivent être distingués des autres; ils se conserveront mieux étant plus sucrés et mieux cuits; si la feuillette de vin que j'ai demandée arrivait, elle devrait être mise dans notre cave intérieure où elle pourra entrer. Je regrette d'absorber le peu d'espace qui me restait par ces détails, mais le corps veut aussi sa place sur cette terre; il faut la lui faire, toute petite qu'elle soit. Adieu, cher ami, je serais heureux de me retrouver au milieu de vous; cette petite absence m'a bien fait sentir où nous en étions; nous sommes en bonne voie. Mon Curé m'a prêté ici les Méditations de Boissieu sur l'Evangile, cela nous ira je crois, nous en essaierons à mon retour. Ma santé est un peu moins mauvaise. Je vous embrasse tendrement en N.S. Le Prevost Affections à tous nos amis.
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