180  à M. Levassor

MLP. l'informe de plusieurs démarches demandées. Le malentendu avec M. Mayer est oublié. "Les vrais dévouements aux oeuvres de Dieu sont rares".

Paris, 11 octobre 1847

Très cher ami,

J'ai vu le jeune ouvrier que vous m'avez envoyé; je lui ai donné toutes les indications qui m'ont semblé pouvoir lui être utiles et je lui ai remis une lettre pour M. Ledreuille

afin qu'il obtienne, s'il se peut, des travaux. Il est convenu qu'il me viendra voir dès qu'il en aura trouvé, afin que je puisse le faire admettre à la Société de St-François-Xavier, dans le quartier où il aura pris sa demeure.

Quant au billet de 50f contenu dans votre première lettre, on n'avait pu d'abord découvrir la personne désignée pour le paiement, mais dans une seconde visite on a été plus heureux, sans être toutefois plus avancé. M. Sellière a répondu, en effet, qu'il avait déjà reçu deux billets semblables à celui dont vous avez été nanti, plus une lettre qui l'avertissait de ne payer sur la présentation d'aucun des trois, que conséquemment il ne donnerait pas les fonds avant qu'une lettre spéciale ne l'eût autorisé à le faire en faveur de l'un des trois prétendants.

Cette réponse m'a paru rendre bien suspecte la valeur de votre titre; je vous le renvoie néanmoins, cher ami, afin que vous avisiez à en tirer le meilleur parti possible.

J'ai cherché de tous côtés un jeune homme qui vous convînt pour vos œuvres de Chartres, je ne vois rien jusqu'ici, les vrais dévouements sont bien rares et les œuvres de Dieu ne peuvent marcher sans ce ressort. J'ai toujours un ancien professeur sans leçons (et sans brevet, d'une cinquantaine d'années, un peu moins, je crois), dont vous pourriez tirer parti, si vous aviez quelque autre sujet avec lui. Il est bon chrétien, se tient bien, réussit bien avec les enfants et enseigne bien. M. le Curé de St-Sulpice le connaît et lui porte intérêt. Voyez, cher ami, ce que vous en pensez. Quant au jeune homme de l'Ecole Normale, il ne peut se donner ni à vous, ni à nous, il a pris avec l'Université un engagement de 10 années qu'il doit nécessairement garder.

Assurez M. Mayer de notre bonne et sincère affection, nos petites malentendus ont si peu de fond et sont d'ailleurs déjà si vieux qu'en vérité il n'y a rien à en faire, sinon à les effacer par un bon et cordial serrement de main; c'est ce que nous faisons, comptant, bien qu'à son prochain voyage à Paris, notre jeune Confrère viendra nous assurer qu'il nous garde toujours bienveillance et affection.

Adieu, bien cher ami, priez toujours pour nous; notre ermitage de Grenelle nous ménage un peu de recueillement et de paix; mais notre vie est encore si mouvante que la prière de nos bons amis nous est bien nécessaire; nous prions de notre côté, pour vous et pour le succès de vos entreprises charitables. Le monde a besoin de pareil secours.

Le Prevost

N.B. Nonobstant le défaut des fonds à revenir du billet que je vous renvoie, je payerai les Annales et votre Revue, si vous le désirez, cela va sans dire; un mot dans votre réponse sur ce sujet.