Explication concernant le manteau de M. Levassor. MLP.
propose un jeune homme qui semble capable d'aider son ami.
Paris, 23 mars 1848
Mon bien cher frère,
Je regrette que vous n'ayez pas reçu la lettre que nous
avons écrite, M. Myionnet et moi, en dernier lieu. M. Myionnet vous donnait des
explications au sujet de votre manteau et moi-même, je m'entretenais avec vous,
dans la dernière page de la lettre, de nos œuvres communes. C'est probablement
par quelque désordre dans le service de la poste que cette lettre sera restée
en chemin.
M. Myionnet a fait toutes les enquêtes imaginables au
sujet de votre manteau; il est allé à différentes reprises à votre hôtel et
ensuite à M. Mayer. Celui-ci a formellement, et de la manière la plus
explicite, déclaré qu'il avait remis le manteau au concierge de l'hôtel, et
celui-ci affirme qu'il n'en a point d'autre que celui qui vous a été remis; il
nous est impossible de sortir de ce dédale et, à moins d'une poursuite
judiciaire, on ne peut en tirer rien de plus.
M. Myionnet a transmis à M. Mayer le compte que vous lui
adressez, il attend sa réponse pour vous l'envoyer.
Jusqu'ici, tout se soutient autour de nous, quoique un
peu péniblement.
Je puis vous proposer, pour vous seconder dans vos
œuvres, un bon jeune homme, plus simple, plus droit, plus sûr que M. Mayer et
dont vous auriez, je crois, toute satisfaction. Il appartient à d'honnêtes
parents que divers malheurs ont ruinés; il a 20 ans passés, du
courage, l'amour du travail, quelque éducation, des formes aimables et
d'excellentes qualités de cœur et d'esprit.
23 juin 1848,
prise de la barricade du Petit-Pont, Bonhomé, Lithographie, Musée d'art et
d'histoire, Saint-Denis.
« Dans cette même journée, il y eût d'autres
héroïsmes. Entre tous, il faut citer le nouveau Président de la Société de
St-Vincent-de-Paul : élu à 27 ans, quelques jours avant l'explosion de
la révolution, M. Adolphe Baudon, fidèle à l'appel du devoir, allait prendre
place dans les rangs de la garde nationale et offrir sa vie, obscurément,
pour le salut de l'ordre social. Il fut blessé grièvement à la prise du
Petit-Pont, près de l'Hôtel-Dieu. Ce pont démoli aujourd'hui, rapporte le P.
Bailly, et remplacé par un autre beaucoup plus large, avait non seulement des
barricades de pavés à ses deux extrémités, mais deux barrricades sur les
trottoirs, dans toute sa longueur ; en sorte que, la première barricade
enlevée, ce qui arriva quatre fois, on se trouvait entre trois feux pour
courir à l'autre extrémité. C'est dans un de ces assauts que le jeune
Président de la Société
de Saint-Vincent-de-Paul, avide de sacrifice, avait eu la jambe fracassée et
donnait son sang quelques heures avant l'archevêque ».
Vie de
Jean-Léon Le Prevost, par Ch. Maignen, I, 327.
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Nous avions songé à le prendre avec nous, mais nous avons
vu quelque inconvénient à le laisser trop près de sa famille qui, étant parfois
dans le malaise, eût pu devenir une charge pour nous.
Si vous pouviez lui donner seulement, avec le logement et
la nourriture, 300f,
il s'en contenterait et pourrait rendre beaucoup de services à votre œuvre. Il
faudrait aussi payer ses petits frais de voyage, d'ailleurs peu considérables.
Je désirerais une très prompte réponse sur ce sujet, cher
frère, notre jeune homme étant disposé, si la carrière des œuvres de charité
lui était fermée, à prendre immédiatement quelque engagement qui ne le
laisserait plus libre de disposer de lui.
Il le regrette, nous en serions nous-mêmes affligés;
voyez ce que le bon Dieu vous conseillera sur ce point et répondez-moi vite,
s'il se peut.
Votre bien affectionné frère en N.S.
Le Prevost
Mes chers frères vous saluent en N.S.
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