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Jean-Léon Le Prevost Lettres IntraText CT - Lecture du Texte |
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199 à M. MaignenLa beauté du lieu où il se soigne ne dissipe pas la nostalgie de la communauté de Grenelle. Souhait de voir se diversifier les types d'œuvres, pour que des âmes dévouées et généreuses puissent s'adonner à la même vie de prière et de charité. Puiser l'amour de Dieu et du prochain dans les Cœurs de J. et de M. Désir du don d'oraison continuelle.
St-Valéry-en-Caux, 24 juillet 1850 Il ne se passera pas maintenant un grand nombre de jours sans que nous allions vous retrouver; nous comptons partir le vendredi 2 août, c'est-à-dire dans huit jours maintenant; nous aurons pris alors 22 ou 23 bains, c'est assez pour produire un bon effet et, comme la saison a été parfaite, j'ai la confiance que nos santés en éprouveront réellement quelque amélioration. Malgré les belles campagnes, le plein air sous les grands arbres, les magnifiques aspects de la mer, nous ne pouvons nous empêcher de regretter notre pauvre maisonnette de Grenelle, notre petit jardin si étroit et si resserré; là est notre vie; là est le divin Maître qui nous conduit et dont la tendre bonté nous attire; là sont nos bien-aimés enfants et frères dont la douce charité fait la paix de nos jours. On se prend bien à désirer que tout ce cher entourage pût se transporter dans ces champs si vastes, si libres, si isolés du monde et du bruit, où on ne sent que Dieu manifesté dans ses œuvres. Mais on trouve que pour une pareille existence il faut une plénitude de vie, une application habituelle à Dieu, une puissance d'attrait vers Lui qui domine tout l'être et l'absorbe en Lui. Autrement, et dans un état de grâce inférieur, on ne sentirait pas sa fin remplie, on aurait du vide et l'on croirait ses jours mal occupés; tant il est vrai que la sagesse divine a tout calculé pour les besoins divers des âmes, comme elle a fait l'eau pour les poissons, l'air pour l'oiseau et la terre pour les autres créatures. Pour nous, cher enfant, notre vie c'est Dieu en Lui-même et dans la charité, c'est pourquoi nous avons hâte de retourner près de vous pour y retrouver cette atmosphère que la bonté du Seigneur a préparée pour nous. Je n'ai pas la pensée, très cher ami, de rien changer aux choses que la Providence divine a visiblement accommodées à nos aptitudes et à nos forces, j'aime comme vous nos chères petites œuvres, et j'espère bien mourir en leur donnant jusqu'au dernier jour mes soins. Je pense seulement que leur cercle actuel est un peu restreint et ne peut convenir qu'à un certain nombre d'âmes; qu'un peu plus de largeur serait mieux, afin que chacun pût trouver près de nous sa place et qu'on ne s'éloignât pas de nous faute d'œuvre pour s'employer. Or évidemment, les patronages et les Saintes-Familles, tout excellents qu'ils soient, ne sauraient occuper beaucoup d'âmes, appelées comme nous à la vie de prière et de charité, mais qui n'auraient pas les mêmes aptitudes ou dispositions d'esprit. Voilà toute ma pensée, elle est partagée par M. Myionnet et ne s'éloigne pas, je crois, de la vôtre propre. Demain, jeudi, aura lieu ici la première communion des enfants; je me fais une fête de participer à cette touchante solennité; je songe en pareils instants que, parmi toutes ces jeunes âmes, il y en a beaucoup de pures et de candides qui s'unissent au bon Jésus d'un cœur vraiment aimant et que le Cœur du doux Seigneur tressaille d'une grande allégresse; j'envie leur sainte ardeur et je m'unis à elles pour glorifier mieux mon Dieu. Dans ce pays de foi surtout, les enfants sont bons, ce doit être entre eux et le divin Père une fête tout aimable et sans trouble ni regret aucun. Nous avons eu aussi dimanche, par surcroît de grâce, la fête du Sacré-Cœur qui se célèbre tardivement dans ce diocèse et que nous avons eu ainsi la joie de solenniser une seconde fois. Je regarde l'attrait qui nous pousse tous à cette dévotion aux Cœurs tant aimants de J. et de M., comme un des témoignages les plus grands de la prédilection du Seigneur pour notre famille. Si vous me faites ma place, très cher enfant, au Saint Sacrifice, pour moi, en revanche, je vous mets cent fois le jour dans les Cœurs sacrés de Jésus et de sa Sainte Mère, demandant que vous y preniez une conformité entière à leurs adorables dispositions, savoir, comme vous l'avez si bien indiqué dans votre lettre, l'amour de Dieu, le zèle des âmes, la charité indulgente et compatissante, l'amour du mépris, de la pauvreté, de la croix. On ne trouve rien autre chose dans ces deux livres divins et, y lût-on toute sa vie, on n'y apprendrait jamais autre chose; que cela est court et que cette science serait vite en nos âmes si elles n'étaient si insensées et si rebelles; travaillons, cher enfant, de toutes nos forces à l'acquérir, notre vie sera bien employée si, au dernier jour, le bon Maître trouve que ses écoliers savent assez bien leur leçon. Je suis heureux, cher enfant, et je bénis Dieu du bon esprit que vous montrez dans votre lettre, c'est de la confiance naïve et du désir simple de se donner tout au Seigneur; avec cela, et en persévérant dans la prière et l'humilité, on arrive sûrement au but. Je prie cent fois par jour pour vous tous, mais ce n'est pas assez encore, ni en nombre, ni en ardeur; mon devoir serait, comme vous le dites, d'appeler incessamment sur vous les grâces du Seigneur, afin qu'Il supplée Lui-même à mon insuffisance. Demandez donc pour votre pauvre Père le don de l'oraison constante et habituelle, et nous deviendrons tous riches, car il ne cessera de puiser aux trésors du divin amour pour verser à flots sur nous. Adieu, très cher enfant, je vous embrasse dans les Cœurs de J. et de M. avec leur propre charité. Votre dévoué Père et ami en N.S. Le Prevost
Je vous prie, cher enfant, de chercher avec M. Lecoin, dans un petit registre bleu où j'inscris des adresses, une note avec une petite lettre de M. de Bioncourt indiquant les noms des orateurs qui ont promis de parler à la Sainte-Famille pour toutes les séances jusqu'au mois de septembre. Je songe maintenant, en écrivant ceci, que M. de Malartic a dû classer cette note aux pièces diverses dans un carton. Il faudrait voir l'orateur désigné et bien s'assurer qu'il ne manquera pas de venir dimanche. Ecrivez-moi, aussitôt que vous le saurez, la décision du p. de Ravignan. Je voulais faire quelques lignes pour notre cher Gabriel mais il est trop tard aujourd'hui; je prierai en dédommagement un peu plus encore pour lui.
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