Recommandation d'un jeune homme pour aider son ami aux
oeuvres de charité.
Paris, 10
septembre 1850
Très cher ami
et frère en N.S.,
Vous m'exprimiez, dans votre dernière lettre, le désir
d'avoir un jeune homme qui pût vous aider dans vos œuvres de charité; j'en ai
un à vous offrir qui me paraîtrait réunir toutes les qualités désirables. Il
est d'une honnête famille de Normandie, a un extérieur très aimable, de bonnes
manières, beaucoup d'intelligence, l'esprit ouvert et surtout une piété vraie,
un caractère ferme et un solide amour du bien. Il est âgé de 23 ans seulement.
Depuis plusieurs années, il a le désir de compléter ses études qu'il n'a
poussées que jusqu'à la 4ème, afin d'entrer plus tard au Séminaire,
mais son père a opposé une résistance constante à ses vœux. Placé ici dans une
maison de nouveautés, il y est resté sage; chrétien et exemplaire, mais sans
que sa volonté ait en rien changé. Le p. de Ponlevoy, Jésuite excellent qui le
dirige, lui conseillait de descendre d'un degré et de se consacrer avec nous
aux œuvres de charité, il ne peut se résigner à renoncer à ses espérances pour
le sacerdoce.
Il me semble que ce bon jeune homme, que j'ai vu à
l'œuvre et dont on peut tirer un grand parti, vous serait très utile et qu'il
pourrait, de son côté, si vous lui donniez quelques conseils, continuer sous
vos yeux, à certaines heures du jour, ses études de latinité. Il s'engagerait à
rester près de vous au moins tout le temps qu'elles dureraient; peut-être
ensuite le bon Maître lui inspirerait-il de se consacrer avec vous à la
sanctification des âmes. Voyez, je vous prie, très cher ami, ce que vous pensez
de cette position; les qualités de ce jeune homme me font penser que vous en
auriez grande satisfaction. Il faudrait nécessairement pourvoir à son petit
entretien, car son père s'obstine à ne lui rien envoyer et sa mère, fort
pieuse, ne peut rien contre les défenses de son mari.
J'attends de vous, très cher ami, une prompte réponse. Ne
manquez pas, en même temps, de me dire si vous ne nous rendrez pas bientôt une
petite visite.
Votre frère bien affectionné en J. et M.
Le Prevost
Union de prières, je vous en conjure bien instamment.
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