218  à M. Planchat

Instructions pour le bon rétablissement de la santé du père Planchat. Encouragement à l'abandon et à la confiance en Dieu.

Paris, 2 septembre 1851

Très cher fils et ami en N.S.,

Notre cher M. Maignen vous écrit une petite lettre que je vous envoie; il a tardé un peu à s'entretenir avec vous à cause des nombreuses occupations dont il a été chargé durant ces temps derniers; aujourd'hui encore, pour vous écrire, il se dérobe aux préparations laborieuses et un peu attardées de son Almanach de l'Apprenti.

Nous bénissons mille fois le Seigneur, très cher ami, qui dissipe les nuages dont votre esprit se sentait entouré; il fera luire de nouveau à votre âme l'espérance et la douce consolation; vous reviendrez fort, actif, zélé comme par le passé pour le service du bon Maître, pour le soin et l'édification des âmes¹⁷⁵; mais toutes vos puissances ne vous seront rendues qu'en temps opportun et quand le Seigneur en aura besoin; jusque là, abandonnez-vous à Lui, marchez en confiance sans souci de l'avenir. Si j'osais trouver quelque petite chose à reprendre dans vos dispositions durant cette épreuve, ce serait un peu le défaut d'abandon et de confiance; peut-être, au reste, plaisait-il au Seigneur de vous tenir ainsi afin de mieux briser et purifier ce cœur dont Il voulait se rendre le maître absolu.

Le vénérable M. Caduc a eu l'extrême charité de nous venir voir pour nous communiquer les bonnes nouvelles qu'il avait reçues de vous et nous dire toutes les bonnes espérances qu'il en avait conçues; il nous a promis de revenir et de passer quelques instants avec nous. Je n'ai pas jusqu'ici de nouvelles de notre cher M. Gentil, mais tout me porte à penser qu'il va bien. On lui avait parlé avant son départ de la place d'aumônier de la prison Mazas, il a rejeté vite la proposition, voulant rester à l'œuvre des enfants et des pauvres et partager nos humbles travaux.

Je crois qu'il serait bien, très cher fils, que vous écrivissiez quelques petits mots à notre bon p. Beaussier qui vous aime tendrement et nous parle constamment de vous avec la plus affectueuse sollicitude.

M. Caduc pense avec nous que vous devez achever votre saison de bains là où vous êtes; lorsqu'elle sera finie, vous examinerez de quel côté il vous serait bon de vous diriger pour passer encore quelque temps en repos et distraction; je crois que vous ne devez songer à revenir qu'en octobre et quand la saison deviendra mauvaise à la campagne, il faut que vous soyez radicalement guéri, le service de Dieu comme votre intérêt, comme aussi notre tendre affection le demandent.

Adieu, très cher ami et fils en N.S., votre famille naturelle va bien, la petite famille spirituelle est aussi en assez bon état; tous vous reverrons avec joie, et vos pauvres, et vos enfants, et nous-mêmes; priez bien pour nous, car nous vous aimons et nous prions aussi pour vous de tout notre cœur.

Votre dévoué Père et ami en J. et M.

Le Prevost