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Jean-Léon Le Prevost
Lettres

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  • Lettres 201 - 300 (1850 - 1855)
    • 258  à M. Caille
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258  à M. Caille

Inquiétudes au sujet des patronages de Paris que la Société de St-Vincent-de-Paul semble disposée à fermer, faute de personnel dirigeant. Les objections de MLP. Il cherche des hommes pour sauver ces patronages. Il impose des sacrifices à sa Communauté. Appel à M. Caille.

 

Vaugirard, 13 avril 1854

Cher bon ami et fils en N.S.,

J'ai fait votre commission pour le paiement du loyer de M. Dupetit et je vous rendrai compte de cette petite affaire en vous remettant, à prochaine occasion, le billet que nous avions à retirer; vous pouvez donc être tranquille sous ce rapport.

Je n'aurais pas été peut-être si exact à répondre à votre dernière lettre car, de part et d'autre, nous sommes assez occupés pour que notre correspondance n'ait pas toujours l'activité que le voudrait notre affection réciproque. Mais je veux recommander à vos prières et à votre attention charitable le patronage de Paris qui me semble en ce moment sérieusement menacé.

Depuis assez longtemps, des plaintes s'élevaient dans les Conférences concernant les maisons de patronage. On leur reprochait, sauf quelque exception, de produire peu de fruits moraux et religieux, de coûter fort cher et d'imposer aux Conférences la charge d'une loterie annuelle qui grevait considérablement le budget. Mais le plus grand grief était que la généralité de ces maisons, aujourd'hui, je crois, au nombre de 10, étaient dirigées par des hommes salariés, sans portée d'intelligence et de cœur, pas assez dévoués pour donner à la Société de solides garanties et la sécurité dont elle a besoin dans une œuvre de cette importance. Ces plaintes sont devenues plus vives, plus répétées depuis quelques mois et les Frères des Ecoles, ayant dans ces derniers temps essayé sur un ou deux points de Paris une sorte de patronage sur leurs anciens élèves, les mécontents en ont profité pour demander que les Conférences renonçassent au patronage et l'abandonnassent aux frères qui pourraient, disent-ils, s'y consacrer avec plus de suite et de persévérance.

A cela, il y a de solides réponses à faire: c'est que ce patronage des frères, à peine , paraît encore fort chancelant, que réduit à deux ou trois heures de la matinée, il semble peu propre à exercer une grande influence sur les enfants, qu'il ne s'applique nullement au placement des enfants et à leur surveillance dans les ateliers, qu'enfin il n'atteindrait, en tout cas, qu'un nombre assez restreint d'enfants et laisserait en dehors des multitudes d'apprentis élevés par d'autres maîtres que les frères, ou non soumis à leur action. La suppression du patronage de la Société de St-Vincent-de-Paul nous paraîtrait donc un vrai malheur pour la charité, pour le soutien et la défense des pauvres enfants jetés par milliers dans les ateliers, sans contre-poids aux mauvaises influences qu'ils y subissent. Nous espérons donc encore que le bon Maître, qui veille sur ces pauvres enfants, ne permettra pas qu'ils soient abandonnés. Cependant, les menaces sont pressantes et l'orage semble difficile à détourner. Une assemblée générale des Présidents des Conférences, prenant en considération les plaintes et griefs élevés contre le patronage, a nommé une Commission pour les examiner et soumettre ses propositions. Cette commission s'est prononcée pour la suppression de 8 maisons de patronage, et pour le maintien seulement des deux qui sont confiées à notre petite Communauté. M. Baudon, à qui M. Maignen est allé de ma part faire des représentations à ce sujet, a répondu, comme il l'avait déjà fait à moi-même, que nous seuls eussions pu sauver le patronage ou au moins quelques-unes de ses maisons (ce qui serait bien essentiel en ce moment pour ne pas perdre la position qu'avait cette œuvre dans le monde charitable pour sa loterie et ses autres ressources), qu'il eût fallu que notre petite Communauté pût donner quelques sujets pour diriger ces maisons.

Je suis en mesure de rendre M. Myionnet au patronage, peut-être même d'y appliquer un autre frère également solide et dévoué; mais cette mesure, si je la prends pour deux sujets surtout, va bien diminuer notre maison centrale des orphelins; j'aurais donc grand besoin de quelque renfort envoyé providentiellement. Ne verriez-vous pas, cher ami, dans cette sorte de petit noviciat d'hommes dévoués que le bon Maître a groupés autour de vous, quelque sujet généreux qui, touché du péril de l'œuvre si intéressante du patronage, se sentirait inspiré de franchir le pas et de venir à nous pour nous prêter aide dans ce moment difficile?

Examinez cela devant Dieu, parlez-en à vos amis, priez surtout beaucoup avec nous et peut-être le Seigneur se rendra-t-Il à nos vœux.

Adieu, bien cher ami et fils en N.S.; en me répondant, ne manquez pas de me donner des nouvelles de vos chères sœur et nièce, vous ne m'en avez point parlé dans votre dernière lettre.

Tous nos frères vous assurent de leur tendre affection, et moi je vous embrasse pour tous dans les Cœurs sacrés de J. et de M.

Votre ami et Père

Le Prevost

 




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