Couverture | Index | Mots: Alphabétique - Fréquence - Inversions - Longueur - Statistiques | Aide | Bibliothèque IntraText
Jean-Léon Le Prevost
Lettres

IntraText CT - Lecture du Texte

  • Lettres 201 - 300 (1850 - 1855)
    • 260-1  au Ministre de l'Intérieur
Précédent - Suivant

Cliquer ici pour désactiver les liens aux concordances

260-1  au Ministre de l'Intérieur

Demande de subvention pour la maison de Vaugirard.

 

Mai [1854]

Monsieur le Ministre,

Le soussigné a l'honneur de vous exposer que, consacré depuis plusieurs années aux œuvres de charité, il a cru faire une chose utile aux classes ouvrières et indigentes en fondant il y a 3 ans, un établissement destiné à l'éducation des jeunes garçons que la mort a privés de leur père ou de leur mère.

Dans les conditions ordinaires en effet, les écoles publiques reçoivent tous les enfants du peuple et leur donnent, sous la surveillance de leurs familles, les soins, et l'instruction convenables, mais quand par la mort du père ou de la mère le lien de la famille est brisé, les nécessités de la vie jetant au dehors le mari ou la femme survivant, les enfants laissés sans surveillance tombent inévitablement dans la dissipation.

Nous avons pensé, Monsieur le Ministre, que la charité devait à ces enfants une protection spéciale et des moyens d'éducation propres à leur situation. C'est pour cette fin que, malgré l'insuffisance des ressources privées pour une si grande entreprise, nous avons avec l'aide de quelques amis et sous le haut patronage de Mgr l'Evêque, fondé la Maison des Orphelins de St-Vincent-de-Paul.

Etablie d'abord au quartier St-Marcel, rue de l'Arbalète 39 bis, elle a été transférée depuis le mois de février dernier à Vaugirard, rue des Vignes 44, dans un local que nous avons acquis et approprié pour cette destination.

Les enfants au nombre de 100, sont admis de 7 à 12 ans. Ils y reçoivent l'instruction élémentaire, y sont préparés avec soin particulier à la première Communion et après cet acte si important de la vie, sont placés en apprentissage par les directeurs de l'œuvre, qui continuent d'exercer sur eux une constante et active surveillance.

Nous n'insistons pas sur l'utilité de pareilles institutions, dont votre Excellence sait assez les avantages, mais nous remarquerons que, si elles sont bien peu nombreuses à Paris surtout, on doit l'attribuer aux difficultés qu'elles présentent et aux sacrifices considérables qu'elles exigent. Les enfants qu'on y reçoit sont pris dans les classes les plus pauvres, avec des commencements d'éducation presque toujours défectueux; ils exigent des soins et une vigilance incessante, ils sont souvent faibles et maladifs; on doit donc refaire le physique et le moral tout ensemble. D'une autre part, leur activité est extrême, ils usent et consomment beaucoup. Enfin les modiques rétributions que peuvent fournir les protecteurs ou parents sont tellement insuffisantes que les directeurs de l'œuvre ont d'ordinaire à subvenir aux deux tiers des dépenses.

Cependant, Monsieur le Ministre, nous sommes parvenus, avec l'aide de Dieu, à surmonter ces difficultés; nos cent orphelins marchent et se développent sous nos yeux en bon esprit d'affection, de docilité et de reconnaissance; leurs mœurs sont pures, leurs dispositions parfaites; ceux qui nous ont quittés déjà pour entrer en apprentissage persévèrent dans leurs bons sentiments, tout nous laisse donc espérer que l'œuvre est posée dans de bonnes conditions et atteindra son but, savoir de remplacer pour les orphelins l'éducation de la famille et leur ouvrir une carrière honnête et laborieuse.

Mais, monsieur le Ministre, la tâche si rude d'une pareille fondation a épuisé toutes nos ressources et bien que tous les agents de l'œuvre, maîtres, surveillants, y donnent leurs soins gratuitement, bien que leurs dépenses soient réglées avec une stricte économie, nous passerions difficilement l'année présente sans quelque appui efficace pour alléger nos charges.

Nous avons osé espérer, Monsieur le Ministre, que votre Excellence, tenant compte de l'utilité de notre œuvre, des sacrifices que nous nous sommes imposés dans l'intérêt des enfants des pauvres, daignerait nous accorder son généreux appui et nous attendons un secours sur les fonds de son département.

Ce témoignage d'intérêt serait pour nous un grand encouragement et nous mettrait à même de compléter l'œuvre que nous avons entreprise.

 

Dépenses                                                                    Recettes

 

Logement et Mobilier

5 000

 

Pensions

16 500

Nourriture

16 800

 

Revenus propres

9 000

Vêtements, lingerie

7 200

 

Dons annuels

2 500

Service médical, classes

4 800

 

 

28 000

Chauffage, Eclairage

1 200

 

Il reste donc à produire

 

Dépenses diverses

5 000

 

chaque année:

12 000

 

40 000

 

 

40 000

 

 

 




Précédent - Suivant

Couverture | Index | Mots: Alphabétique - Fréquence - Inversions - Longueur - Statistiques | Aide | Bibliothèque IntraText

Best viewed with any browser at 800x600 or 768x1024 on Tablet PC
IntraText® (V89) - Some rights reserved by EuloTech SRL - 1996-2008. Content in this page is licensed under a Creative Commons License