Rapport supplémentaire au Préfet de la Seine sur l'Orphelinat de
Vaugirard.
[Juin 1854]
Monsieur le
Préfet,
Vous m'avez
fait l'honneur de m'informer que la demande de
subvention adressée par nous à Monsieur le Ministre de l'Intérieur en faveur de
notre Maison d'Orphelins vous a été communiquée et vous m'avez invité à vous
transmettre un compte moral et financier de l'œuvre pendant l'année 1853, afin
que vous puissiez exposer votre avis au sujet de cette supplique.
La demande elle-même, Monsieur le Préfet, contient
presque tous les détails que je puis fournir sur l'état moral de l'Institution,
tant pour l'année dernière que sur le présent exercice. Notre but étant de
rendre à nos enfants orphelins l'éducation de la famille, nous avons dû en
limiter le nombre et n'en recevoir à la fois que 100. Tous nos rapports avec
eux sont réglés de manière à leur faire sentir en tout le dévouement et un
tendre intérêt; nous prenons nos repas avec eux, nous partageons leurs
exercices et ne cessons à aucun instant du jour et de la nuit de veiller sur
eux avec sollicitude.
L'esprit de ces enfants est en général excellent, plein
de confiance, de docilité et de reconnaissance. La pureté de leurs mœurs est
aussi une de nos joies et le trésor que nous sommes le plus jaloux de
conserver.
L'enseignement des enfants comporte à peu près le même
fonds et les mêmes moyens que celui des écoles publiques; ses résultats ont été
satisfaisants durant ces dernières années et pa-raissent devoir l'être plus
encore à l'avenir.
Lorsque le moment est venu pour nos enfants
d'entrer en apprentissage, nous les plaçons nous-mê-mes avec tout le soin
possible et nous les surveillons chez leurs maîtres. Quelques-uns, entrés orphelins
et plus dépourvus d'appuis, pourront demeurer à l'intérieur et y faire leur
apprentissage; nous avons déjà un petit atelier de cordonnerie, un autre va
être commencé pour l'état de tailleur.
Le personnel de la direction se compose d'un directeur, d'un
sous-directeur, d'un aumônier, 2 professeurs, 3 surveillants, 2 maîtres
d'atelier. Tous donnent leurs soins aux enfants à titre charitable et sans
aucune rétribution.
Quant à l'état financier de l'œuvre, nous en avons donné
un aperçu qui se trouve annexé à notre demande. Il n'a guère varié cette année
qu'en proportion du nombre de nos enfants qui était de 80 l'an dernier et qui est
présentement de 100. Il a donné les résultats ci-après:
Exercice 1853
Il ressort de cet exposé, Monsieur le Préfet, que notre
Institution nous a imposé l'an dernier des charges assez considérables, sans
compter celles bien lourdes encore que nous avons dû faire pour l'achat du
matériel de l'établissement; mais il est facile de concevoir que de pareilles
dépenses, qui nous laissent un arriéré assez notable, ne pourraient être
constamment laissées à notre charge sans compromettre essentiellement la
stabilité de notre Oeuvre, nous avons donc espéré que l'administration
apprenant l'utilité de cette Institution voudrait bien nous accorder son appui
pour la soutenir et en compléter la fondation.
A cette fin, nous sollicitons, Monsieur le Préfet, votre
avis favorable près de Monsieur le Ministre de l'Intérieur, nos osons
l'attendre de cette bienveillance éclairée qui favorise toutes les institutions
d'un intérêt réel.
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