264  de M. Vasseur à M. Caille - P.S. de M. Le Prevost

Déception que M. Caille ne soit pas venu à Paris pour la Saint-Vincent de Paul. Annonce de l'acquisition de la chapelle et du terrain de Montparnasse.

Vaugirard, le 29 juillet [18]54

Très cher frère et Père en N.S.,

Vous savez que de ma nature j'ai toujours été un peu impatient, et voilà que je croyais que vous me donneriez des nouvelles de mon petit frère, mais je ne vous vois pas arriver. Je ne sais s'il est à Amiens ou non, cela m'inquiète un peu. D'un autre côté, vous nous aviez promis de venir pour la fête de saint Vincent de Paul. Toute notre petite famille vous attendait, on avait préparé votre chambre, et elle n'a pas encore servi. Cela tourmente un peu tous nos frères, je pense même qu'il y en a plusieurs qui croient que vous nous oubliez. Et puis notre Père M. Le Prevost, ne dit rien, mais il n'en pense pas moins, car il me semble qu'il a bien aussi quelques doutes à ce sujet. Enfin, je vous dirai en confidence que je crois nécessaire de mettre fin à tout ceci en apparaissant lundi au plus tard parmi nous.

Le temps me presse, c'est le moment de la récréation du soir. Je vous embrasse du plus profond de mon cœur.

Votre enfant tout dévoué

Alphonse Vasseur

Je laisse votre fils Alphonse vous mettre dans sa lettre tout ce qui lui plaît, bien sûr que vous en prendrez seulement ce qui vous paraîtra raisonnable. Nous vous attendions, il est vrai, et nous trouvons tous que votre arrivée tarde bien plus cette fois que de coutume, mais je suis persuadé, cher ami et fils en N.S., que vous faites tout pour le mieux et que vous ne manqueriez pas de nous accorder quelques instants si vos affaires n'y mettaient obstacle; nous attendrons donc que vous régliez cette disposition dans votre prudence accoutumée. Si, contre mon attente, vous deviez encore différer votre voyage, je vous serais obligé de nous écrire un mot concernant le jeune frère de M. Vasseur, afin de nous tenir informés de sa situation et de ses dispositions.

Vous ne m'avez point parlé de votre projet d'acquisition depuis quelque temps, où en êtes-vous sur ce point?

La Providence, de notre côté, nous a conduits à prendre une charge nouvelle; bien qu'un peu obérés encore par notre Maison de Vaugirard, nous avons cru devoir acquérir ces jours derniers la petite chapelle et le terrain du Montparnasse pour y établir plus stablement toutes nos œuvres de la rue du Regard. Nos amis des Conférences et d'autres personnes nous aideront par des avances de fonds, cela va sans dire, autrement nous n'aurions pu nous hasarder ainsi sans témérité; mais nous avons dû prendre l'acquisition sous notre nom, parce que M. Baudon désirait que la Société de Saint-Vincent-de-Paul n'en prît pas la responsabilité; priez bien, afin que le Seigneur nous aide à Le glorifier par là et en toutes choses.

Votre arrivée rendra tous nos frères bien heureux, les ff. Vasseur et Thuillier surtout, et moi encore plus; il y a bien longtemps, en effet, cher ami, que nous ne vous avons vu.

Votre Père et ami en N.S.

Le Prevost

M. Casimir m'a écrit, il y a peu de temps, pour me prier de le placer ici; dites-lui que Paris n'offre, en cette saison, aucune ressource. S'il est dans le besoin, avancez-lui 5 ou 10f que je vous remettrai à votre voyage ici. Il me disait que le jeune Crestel allait nous arriver prochainement; en avez-vous appris quelque chose ou bien ce pauvre Casimir s'est-il mis cela dans l'esprit?