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Jean-Léon Le Prevost
Lettres

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  • Lettres 201 - 300 (1850 - 1855)
    • 271  à M. Myionnet
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271  à M. Myionnet

Attachement toujours plus fort à ses frères. Estime croissante de la vocation religieuse, "la meilleure part". Dévotion à Marie, aux Anges gardiens. Union fraternelle "ecce quam bonum".

 

St-Valéry-en-Caux, 5 septembre 1854

Très cher ami et fils en N.S.,

Mon absence doit être si courte que j'eusse pu me dispenser de vous écrire, mais j'ai une si constante habitude de vous voir, ainsi que nos autres frères, et de m'entretenir avec vous qu'instinctivement presque je me mets à vous faire cette lettre. A mesure que nous avançons, en effet, les liens de la famille se resserrent, nous nous unissons plus étroitement et sentons mieux tout ce que nous sommes les uns aux autres. Aussi, me devient-il extrêmement pénible de m'éloigner de notre chère Communauté, à moins qu'un devoir impérieux, une chose intéressant la gloire de Dieu et l'utilité de nos œuvres ne le demandent absolument. Comme ces motifs déterminants n'étaient que vaguement indiqués dans le cas présent, j'éprouvais à partir une grande répugnance; mais, à défaut d'une raison grave et de poids considérable, il y en avait plusieurs ensemble qui, réunies, faisaient masse et ont me décider. Assurez nos bien-aimés frères que, plus dégagé ici des nombreux détails qui m'absorbent trop souvent, je pense plus librement à eux, à leurs intérêts spirituels, à leurs travaux, à leurs besoins et que je prie ardemment le Seigneur de les bénir et de les combler de ses grâces. Je me plais à penser que, de cette sorte, je ne leur suis point inutile et qu'éloigné d'eux, je participe néanmoins à leurs œuvres. A distance aussi, je me pénètre plus vivement de la grandeur de notre condition, de ses précieux avantages et des devoirs qu'elle nous impose. Mais surtout en apercevant dans le changement de lieux quelques nouvelles faces du monde, en voyant son éloignement de Dieu, son adhérence aveugle aux créatures, l'espèce d'impuissance où il est de s'élever aux choses d'en haut, je bénis la bonté divine qui nous a donné la meilleure part, je me fortifie dans la volonté de l'embrasser de plus en plus étroitement et de ne chercher en tout que Dieu seul.

Notre f. Paillé, auquel j'ai ainsi rendu une petite visite, me semble animé des mêmes sentiments; je pense qu'il va se trouver tout réconforté. Nous reviendrons ensemble mardi prochain 12 septembre. J'aurais voulu revenir plus tôt encore, mais ma sœur me fait de si vives instances pour obtenir que je lui donne au moins quelques jours indispensables, assure-t-elle, pour le bien de ses affaires, que je ne puis m'y refuser. Le f. Paillé restera jusqu'à lundi ici et viendra ce même jour me reprendre chez ma sœur. Nous avons trouvé ici M. le Curé de Grenelle avec son vicaire prenant quelques bains; ils doivent aussi partir à la fin de la semaine, mais pour suivre leur voyage en divers points de la Normandie.

Aujourd'hui mercredi, le f. Paillé et moi, nous nous sommes unis de cœur à votre pèlerinage à N.D. des Anges. J'ai prié la Sainte Vierge de s'entourer de tous vos anges gardiens et de les charger de tous ses dons miséricordieux pour vous. Le f. Paillé, ayant eu ce matin grand appétit, a prétendu que c'était un effet du pèlerinage et de l'union parfaite où il s'était mis avec vous. Je suis bien sûr qu'à d'autres égards encore il aura participé à cette pieuse excursion, mais ce résultat est au moins fort positif.

Je serai absent dimanche à la réunion de la Sainte-Famille, mais j'ai écrit à M. Decaux pour le prier de me remplacer et de se concerter avec M. Lecoin pour les détails de la séance. Je prie mon f. Maignen de s'assurer samedi près de ce dernier si tout a bien été prévu.

Je regrette bien d'avoir manqué la visite de M. l'abbé Decaix dont je désire beaucoup faire la connaissance; j'espère qu'il ne partira point avant mon retour et que je pourrai le voir mercredi: M. Caille me dit qu'il ne doit quitter Paris que vers la fin de la semaine. Assurez-le de mes sentiments de sincère dévouement et recommandez-moi bien à ses prières.

Vous n'aurez point, je le pense, mon bien cher ami, négligé la demande de notre f. Caille qui recommande instamment à nos prières l'affaire importante dont il nous a entretenus et qui désire une des communions des frères à cette intention.

Je ne vois pas grand chose d'utile à mentionner de plus; je prie M. Maignen de demander à M. Lecoin l'adresse de Dejuilly, le maçon, fumiste, etc.; je désire me servir de lui pour les portes à percer ou à clore à Grenelle pour l'installation de l'ouvroir de Mlle Delphine. Je suis en retard pour ces travaux que je voulais faire plus tôt; je me propose de les commencer tout de suite après mon arrivée.

M. Maignen a-t-il revu M. Lequeux et a-t-il son projet pour les travaux du Montparnasse; il pourrait certainement le voir et le presser un peu s'il n'avait encore rien reçu.

Adieu, bien cher ami, chaque fois que je m'éloigne de notre petite famille, je me promets bien que c'est ma dernière sortie, tant je me trouve mal à l'aise hors du logis et tant j'ai besoin de porter avec vous le fardeau de nos travaux; me reposer quand les autres sont à la peine me pèse sur le cœur et ne me laisse point en paix. Je reviens donc au plus vite; mardi je vous embrasserai tous et, à moins de nécessité grande, je ne vous quitte plus. je voudrais nommer ici tous nos frères, les grands, les petits, les moyens; mais cela ferait toute une litanie, je les réunis tous dans le Cœur sacré du divin Sauveur et je m'y place avec eux, disant du plus profond de l'âme: Ecce quam bonum et quam jucundum habitare fratres in unum. Embrassez-les tous pour moi et recevez vous-même, cher ami, mes bien tendres affections.

Votre dévoué ami et Père en N.S.

Le Prevost

 

 




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