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Jean-Léon Le Prevost Lettres IntraText CT - Lecture du Texte |
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278 à M. CailleMLP. donne son accord pour l'acquisition d'une maison. Dispositions à prendre pour envoyer deux frères à Amiens. M. Caille sera le supérieur de la petite communauté.
Très cher ami et fils en N.S., J'entre pleinement dans vos vues et je trouve tout à fait satisfaisantes les explications que vous me donnez relativement à votre acquisition; ce que vous avez fait était ce que les circonstances permettaient de mieux et nous pouvons espérer que toutes choses ont été réglées selon la volonté de Dieu. Continuons de nous abandonner à Lui, Il nous inspirera ce que nous aurons à faire pour lui rendre constamment nos œuvres agréables. Je suivrai votre désir pour la désignation des frères qui devront partager vos travaux à Amiens et, après la retraite, ils se tiendront prêts à se rendre près de vous, dès que vous en sentirez le besoin. Il m'est venu à ce sujet une pensée que je crois devoir vous communiquer en vous laissant entièrement libre de ne pas l'adopter, si vous ne croyez pas utile de la suivre. Il me semble que l'introduction des frères à Amiens, quoique préparée dès longtemps par vos soins bienveillants, sera toujours une sorte d'évènement qui sera diversement jugé et reçu. A mon gré, moins il se ferait avec apparat, plus il passerait inaperçu et plus il aurait chance de réussir. ces étrangers qui arriveront là pour s'installer dans vos œuvres, sans mission bien établie, sans habit pour se faire respecter, seront pour beaucoup un objet de curiosité et de défiance plutôt que d'affection et de sympathie. Je crois donc que, pour se faire accepter, ils devraient se faire bien humbles, bien petits et entrer pour ainsi dire incognito. Ainsi, au lieu de les envoyer ensemble avec un ancien frère qui viendrait les installer avec une sorte de solennité, je vous proposerais de ne vous adresser d'abord que le f. Vince tout seul, qui viendrait pour garder la maison et vous aider dans vos petits arrangements intérieurs; son arrivée ne ferait aucune sensation et, comme il est fort sociable et prévenant avec tous, qu'il saurait bien se rendre utile, on serait vite accoutumé à lui, il ne ferait, dans son isolement, ombrage à personne et semblerait bien, ce que nous voulons qu'il soit en effet, un agent dévoué, un gardien fidèle pour les œuvres, non une force, une puissance qui vient se poser et donner direction dans vos affaires. Après un peu de temps, quand on se serait habitué à le voir, qu'on lui aurait fait sa place, il en ferait venir un second pour l'aider et partager ses travaux, ce qui passerait alors sans difficulté. De prime abord, la chose se présente à moi de cette façon bien plus praticable et bien plus sûre; cependant, si vous qui connaissez mieux les êtres et pouvez mieux juger la position, vous croyez que mes défiances sont trop timides, qu'on peut marcher plus hardiment et qu'il vaut mieux tout d'un coup poser nos deux sujets, comme frères de St Vincent-de-Paul envoyés par la maison de Paris pour aider les œuvres d'Amiens, je m'en rapporte à vous et je me conformerai à votre avis. Je vous prie seulement d'y réfléchir un peu devant Dieu et de demander ses lumières avant de prendre votre détermination. Il est un autre point qui semble tout indiqué d'avance et dont il paraîtrait superflu de s'occuper, mais que je crois à propos cependant de préciser bien nettement. Bien que vos occupations ne vous permettent pas encore de fondre entièrement votre vie avec celle des frères qui vont s'adjoindre à vous et qu'il ne vous soit possible, sans doute, d'assister que bien irrégulièrement à leurs exercices, je crois qu'il sera nécessaire que vous soyez le chef et Supérieur constitué de la petite communauté; en votre absence, le f. Vince vous remplacera, mais, vous présent, il ne sera que votre assistant; il est bien nécessaire que les choses soient nettement posées ainsi, autrement il y aurait malaise, embarras dans la situation, la communauté et les œuvres en souffriraient; vous le comprendrez aisément, cher ami, et je pense que vous entrerez pleinement à cet égard dans mon sentiment. Vous n'avez point à redouter que cet arrangement vous soit un embarras dans la position que vous êtes contraint de garder encore pour une année dans les affaires; les détails de votre intérieur ne regardent personne et peuvent rester ignorés de tous; vous saurez donc temporairement concilier la part du Seigneur et celle de ce monde jusqu'au jour bien heureux où, tous les liens terrestres étant brisés, vous serez tout entier au service du Seigneur, non plus seulement de cœur comme aujourd'hui, mais dans tous les moments et actes de votre vie. Adieu, bien cher ami et fils en N.S., assurez tous nos amis de nos cordiales affections; je ne sais pas encore le jour précis où commencera notre retraite; j'en ferai prévenir notre cher M. Giraud; priez-le d'apporter avec lui le petit pantalon qu'il avait montré pour modèle au f. Maignen et qu'il a oublié de lui laisser; je serai bien aise de voir s'il conviendrait, comme nous le pensons, pour nos enfants. Nous allons attendre dans peu de jours notre bon ami, M. Tourniquet, qui nous a annoncé son arrivée du 12 au 15 de ce mois. Je joins une petite lettre ici en réponse à celle qu'il m'a écrite. Assurez notre jeune ami Crestel de mon affection bien vraie; je donne toute approbation à l'arrangement que vous proposez, en attendant le moment de sa conscription, et je le verrai venir ensuite avec joie ici pour continuer son noviciat; dites aussi quelques mots bien amicaux à notre cher Ernest Vasseur. Sa petite lettre m'a fait grand plaisir; qu'il persévère, il sera un vrai serviteur de Dieu, comme son frère dont nous sommes toujours contents. Vous ne m'avez point parlé du jeune Mainville qui paraît bien décidé à se joindre à nous; le bien qu'on m'a dit de lui me fait souhaiter que sa vocation se confirme. Je ne finirai pas si je voulais mentionner toutes les âmes excellentes dont le Seigneur vous a entouré; je vous charge pour tous, pour M. Dupetit en particulier, de mes sincères affections et je vous embrasse, cher ami, dans les Cœurs sacrés de J. et de M. Le Prevost
P.S. Le f. Vince, qui se console de quitter ses frères puisqu'il vous retrouvera pour l'accueillir, vous offre tout particulièrement son respectueux attachement.
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