Charité entre les œuvres, pas de partialité envers
certaines. Dévouement de M. Vince. Nouvelles de Vaugirard et de Nazareth.
Vaugirard, 5 novembre 1854
Très cher ami et fils en N.S.,
Comme vous le pouviez présumer, je recevrai notre jeune
Crestel quand vous jugerez à propos de lui donner sa feuille de route. Ces bons
enfants qui vous entourent étant placés sous votre conduite et surveillance, je
vous laisse juge du moment où ils semblent assez mûrs pour prendre place parmi
nous; je trouverais bon même que vous retinssiez tel ou tel d'entre eux pour un
temps près de vous, si vous le croyez nécessaire pour vos œuvres; je désire que
tout se fasse toujours entre nous pour le plus grand bien et sans partialité
pour aucune de nos entreprises, toutes nous sont chères, puisqu'elles tendent
toutes à la gloire du Dieu auquel nous nous sommes entièrement consacrés. Que
notre jeune Crestel arrive donc du 11 au 12, nous le recevrons de tout notre
cœur.
Je vois avec peine que vous soyez si fort chargé
d'occupations et que le nombre de vos assistants ne soit pas proportionné à vos
travaux. Je vous ai écrit un mot pendant notre retraite, dans une petite lettre
des ff. Thuillier et Tourniquet, afin de vous demander à quel moment vous
désiriez que le f. Vince partît; vous semblez ne l'avoir point reçu, car vous
ne me répondez point à cet égard. Le f. Vince se tient tout prêt et vous
arrivera dès que vous le demanderez. Que la crainte de le mal loger ne vous
arrête point, il est accoutumé à mettre son lit partout, ayant été chargé du
soin de nos enfants malades; 6 pieds [au] carré201 suffisent pour son
logement. Il désire comme moi que rien ne soit changé aux habitudes de pauvreté
auxquelles il est accoutumé et qui nous semblent nécessaires dans notre
position. Vous trouverez, je l'espère, en lui, un aide vraiment utile; il ne se
dévoue point à demi aux choses dont il est chargé et ne tient compte ni de ses
fatigues, ni de ses peines. Il a pris des engagements définitifs, à l'égard de la Communauté, on peut
donc le regarder comme un aide aussi solide qu'il sera dévoué.
Tous nos frères vont bien; le f. Tourniquet n'éprouve
aucune difficulté dans sa nouvelle condition et semble y avoir été toute sa
vie; nous en pensons beaucoup de bien et nous augurons très favorablement de
son avenir, il se rappelle tout particulièrement à votre souvenir ainsi que vos
enfants Vasseur et Thuillier.
Nous avons eu ces jours derniers l'adoration des Quarante
Heures dans notre maison de Vaugirard; c'est une solennité bien édifiante et
pleine de consolation.
On travaille à notre petite chapelle du Montparnasse, que
nous nommons chapelle de Nazareth; je pense que son agrandissement sera terminé
pour Noël; elle pourra recevoir 500 personnes.
Je ne vous reproche point de nous écrire si brièvement et
à si longs intervalles, puisque vos occupations vous en empêchent; nous en
souffrons, car les seuls moyens de rendre notre séparation moins dure, c'est
l'union de nos coeurs dans la prière et les rapports de la charité.
Adieu, bien cher ami et fils en N.S., je vous embrasse
pour tous bien tendrement en N.S.
Le Prevost
Mille affections à nos amis, particulièrement à notre
cher Ernest Vasseur que nous regardons déjà comme de la famille. Je ne nomme
point les autres, mais vous saurez bien n'en oublier aucun.
Avez-vous reçu la statue en bon état? Je vais faire
chercher celles que vous me demandez.
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