281  à M. Caille

MLP. laisse un jeune postulant retourner à Amiens. Nouvelles de la Communauté. Démarches qu'il a effectuées pour M. Caille.

Vaugirard, 16 novembre 1854

Très cher ami et fils en N.S.,

Notre jeune Crestel nous est arrivé lundi en bonne santé, mais l'air de la Communauté ne lui va pas; il regrette ses parents, Amiens, sa position à la Providence ²⁰² et me demande instamment de vous écrire, afin que vous tâchiez de lui faire retrouver sa place dans ce collège. S'il était moins jeune, je l'engagerais à persévérer et à surmonter ces impressions des premiers moments, mais à son âge et avec un caractère si peu fait, on ne donne pas beaucoup de prise à la raison; je ne fais donc aucune objection à sa demande et vous la transmets, afin que vous tâchiez de la satisfaire. Il est possible que plus tard, ayant acquis un peu plus d'expérience, de lumière et de fermeté, il revienne, dans une voie ou dans une autre, au service de Dieu, mais je crois que, présentement, il peut être utile de le laisser mûrir ses bonnes dispositions.

Il vous prie de vous adresser au r.p. Jardinier qui pourrait arranger la chose avec le r.p. Ministre.

Il dit que sa principale raison pour s'attrister, c'est que son père, au moment de son départ, lui a répété qu'il lui donnait son consentement à regret. Je crois, pour moi, qu'il cède à un moment de découragement; ses deux amis, MM. Vasseur et Thuillier, ont été ces jours-ci un peu souffrants; le premier, d'une sorte de mouvement de sang, l'autre d'une petite éruption; ils n'ont pu s'occuper beaucoup de lui; nos exercices aussi, un peu relevés pour lui, au premier abord, lui ont fait douter de lui-même. Avec un peu de patience, il y eût trouvé sa part, car M. Thuillier, qui n'est guère plus instruit que lui, a fini par y prendre beaucoup de goût et d'intérêt; mais il avait une volonté plus ferme et plus consistante.

Le jeune Ernest Vasseur a écrit ces jours-ci à son frère, par l'occasion du voyage de M. Crestel, une lettre bien pressante pour obtenir qu'on lui fît enfin sa place parmi nous; je vous laisse juge de ce qu'il convient de faire et de marquer le temps où son voyage pourra s'effectuer utilement pour lui et pour nous.

Quant à M. Tourniquet, il va très bien, il savait mieux ce qu'il cherchait dans la vie de Communauté; il n'a point eu de mécompte et paraît s'asseoir solidement dans sa position.

Nous avons commandé vos quatre lits qui vous seront envoyés en temps opportun.

Nos recherches pour les deux statues de S^t Joseph et s^t Vincent de Paul n'ont pas donné absolument le résultat que vous désiriez, malgré des perquisitions multipliées, nous n'avons trouvé qu'un S^t Joseph de 60 centimètres et un S^t Vincent de 55, qu'on pourrait porter à 60, en élevant un peu le pied. Je pense néanmoins que, si ces statuettes sont destinées à figurer dans des niches, elles iraient bien ensemble et que même autrement, elles seraient encore d'un bon effet. Nous attendons votre réponse pour les commander définitivement.

Adieu, bien cher ami et fils, répondez-moi bientôt, car votre jeune Crestel est aussi impatient de repartir qu'il l'était d'arriver. Il demande vous vous lui envoyiez de l'argent pour son retour en prenant sur sa caisse. Assurez tous nos amis de nos affectueux souvenirs et croyez-moi toujours, en J. et M.,

Votre ami et Père

Le Prevost