284  à M. Caille

Nouvelles des Frères. Projet de voyage à Amiens. Vocation du frère Tourniquet.

Vaugirard, 14 décembre 1854²⁰⁵

Très cher ami et fils en N.S.,

Aucun signe de vie ne nous arrive d'Amiens; nous supposons toutefois que tout va bien autour de vous, car, si vous aviez quelque peine ou difficulté, vous ne manqueriez pas, j'en ai la confiance, de nous les faire partager. Nous allons bien ici de notre côté, sauf notre bon abbé Viollat, dont je vous ai déjà dit la maladie. Sa poitrine, très faible, a été reconnue par les médecins attaquée assez gravement pour donner de sérieuses inquiétudes; nous aimons à espérer encore néanmoins que des soins et du temps pourront triompher de son mal. Je le recommande bien à vos prières. Je vous les demande également pour M. l'abbé Roussel, qui va être ordonné définitivement dans huit jours et qui a depuis longtemps la volonté d'entrer parmi nous; on paraît aussi disposé à l'Archevêché à l'accorder à notre petite famille, ce serait une précieuse acquisition, il est fort pieux et d'un grand zèle.

J'attendrai votre avis pour vous envoyer le f. Vince. Je ne refuse pas, quant à moi, de l'accompagner, si vous le désirez particulièrement, pour assister à la bénédiction de votre maison. Cependant, je crois qu'il serait mieux que je différasse quelque peu ce voyage. Ma fête ayant lieu le 27 décembre, nos frères et nos enfants ne me laisseraient pas m'absenter pour ce jour-là; je serais donc obligé de revenir ici le lendemain de Noël, presque immédiatement après mon arrivée. Dans quelques semaines, au contraire, quand la maison sera un peu installée, qu'on commencera à s'y reconnaître et à asseoir la situation, je pourrai venir pour une huitaine de jours, afin de visiter cette petite famille naissante et l'encourager dans ses commencements. Voyez si ce parti n'est pas le meilleur; je me rendrai à votre désir quel qu'il soit.

Vos deux statuettes n'ont pu encore vous être envoyées, parce que le moule du S^t Vincent était détruit et qu'on a dû le refaire; elles partiront prochainement avec deux Vierges.

Vos enfants d'Amiens vont bien et nous donnent toute satisfaction; le dernier venu, M. Tourniquet, a une droiture de cœur parfaite, sa vocation semble bien prononcée, il a le désir du bien à un degré vraiment édifiant; tout ce petit monde vous est toujours tendrement attaché; écrivez-nous vite, tous me demandent constamment de vos nouvelles.

Adieu, bien cher ami, vous savez aussi quel est mon tendre attachement pour vous, priez bien pour nous; vous êtes dans toutes nos prières; nous faisons la neuvaine en ce moment pour l'ordination de M. l'abbé Roussel; unissez-vous à nous.

Votre ami et Père en N.S.

Le Prevost