303  à M. Caille

Bonheur de la paix en communauté. Première communion à Vaugirard. Recommandations hebdomadaires à N.D.des Victoires pour les vocations. Comment MLP. désire être accueilli à Amiens. Les Dialogues du Patronage.

Vaugirard, 15 mai 1855

Très cher ami et fils en N.S.,

Je vous envoie, sans plus différer, les factures que vous m'avez demandées plusieurs fois concernant les lits en fer envoyés en dernier lieu à Amiens.

J'apprends avec joie votre paix intérieure et le doux accord qui règne entre vous; c'est l'esprit même de J.C. qui a dit à ceux qu'il aimait: "Je vous donne la paix, je vous laisse la paix." C'est la plus pure et la plus véritable joie en ce monde; daigne le Seigneur vous la conserver toujours. Nous jouissons ici du même bien sans aucun mélange, nous n'avons vraiment qu'un seul cœur.

Nos enfants de la Maison de Vaugirard vont faire leur première communion le 24 de ce mois; c'est une grande et importante affaire pour nous, nous commençons à prier tous les jours pour ces chers enfants; unissez-vous à nous, je vous le demande instamment; les ff. Vince et Thuillier les connaissent presque tous, mais vous n'avez pas besoin de les connaître en tout cas pour les aimer, ce sont nos enfants, et surtout ce sont de jeunes âmes dont le salut dépendra sans doute de cette si intéressante action. Nous avons 24 premiers communiants, 23 renouvelants, ensemble 47; ils semblent tous en bonne disposition.

Je n'ai pas besoin de dire qu'ils sont recommandés à N.D. des Victoires.

Nous avons établi un service régulier de communication entre le sanctuaire de N.D. des Victoires et notre maison. Tous les vendredis, le f. Carment recueille les demandes de recommandation qui ont été déposées pendant la semaine dans un petit sac attaché à la boîte pour les frères futurs, et il en envoie le dépouillement à N.D. des Victoires. Ainsi, toutes les fois que vous nous écrirez, vous pourrez nous charger de vos recommandations, elles seront jointes aux nôtres et arriveront exactement.

Nous allons nous efforcer de passer dans un recueillement intérieur plus grand que dans les autres temps les dix jours entre l'Ascension et la Pentecôte, afin de nous unir à la retraite des Apôtres attendant au Cénacle la venue de l'Esprit-Saint. On trouve une grande force en s'unissant ainsi aux intentions de l'Eglise et l'on a quelque part à toutes les grâces que Jésus, le divin Epoux, lui accorde.

J'irais volontiers vous faire une petite visite dans le cours du mois prochain, si vous y voyez vraiment un peu d'utilité, mais je ne sais si aucun de nos frères pourrait m'accompagner; ils sont si occupés. Mais il serait entendu, si je passais deux ou trois jours avec vous, que vous ne vous dérangeriez en rien de vos habitudes; j'apporterais quelques correspondances et affaires, comme j'en ai toujours d'arriérées, pour m'occuper dans les moments autres que ceux des exercices.

Le f. Maignen imprime en ce moment un petit volume de ses dialogues du patronage²¹⁶, mais il n'en a qu'un petit nombre; je prie mon f. Vince de rechercher en hâte celui qu'il m'avait promis et de me l'envoyer au plus tôt, avec permission de le joindre aux autres.

Adieu, bien chers amis, je sens mon affection pour vous s'accroître malgré l'éloignement, ce qui m'assure de plus en plus qu'elle n'est autre qu'un écoulement de la charité du divin cœur de Jésus. Je me réunis à vous dans le Cœur très immaculé de Marie, comme point de départ pour aller au Cœur de son divin Fils.

Offrez mes respects à MM. Mangot et Cacheleux, mes affectueux souvenirs à vos bons et fidèles amis.

Votre ami et Père en N.S.                                            Le Prevost