340  à M. Maignen

Démarches auprès de bienfaitrices de Nazareth. Savoir se reposer l'esprit et le corps.

Vernet-les-Bains, 28 décembre 1855

Très cher enfant en N.S.,

Je vous envoie les deux lettres: l'une pour M^me de Vatry à remettre à M. de Girardin, l'autre pour M^elle d'Hinisdal, demandée par notre ami M. Guillemin. Priez M. Girardin de ne rien négliger pour bien disposer M^me de Vatry et de faire aussi tout ce qu'il pourra pour obtenir l'appui de sa belle-sœur (M^me de Vatry), M^me Hainguertot, fort pieuse, fort bonne et qui a un enfant chez nous, le petit Joseph Robert.

Vous remarquerez, cher ami, qu'à vrai dire je n'aurais dû porter que pour mémoire, dans l'état des sommes prêtées pour Nazareth, les 4.000f avancés par M. Guillemin, car ils seront couverts par les 4.000f que m'a promis M^elle d'Hinisdal et dont elle paye déjà les intérêts. Si, comme cela est possible, elle ne donne pas encore immédiatement le capital, elle aura soin, on y peut compter, de nous envoyer les intérêts exactement. C'est une des plus saintes et plus parfaites personnes que j'aie rencontrées; elle est la pénitente du p. Milleriot.

Vous ne m'avez pas dit si M. Guillemin s'occupe du legs Bouzani, quoique je vous l'aie demandé plusieurs fois.

Je vous recommande de ne pas négliger M^me Récamier; elle est bien disposée, mais ces bonnes volontés en général ont toujours besoin d'être cultivées; ces dames sont pressées de tant de côtés qu'elles donnent leur aide aux plus instants. Voyez aussi M. de Lambel, si vous ne l'avez déjà vu.

J'ai oublié de demander à M. Myionnet s'il avait fait une lettre ou une démarche près des Dames du Temple; il obtiendrait certainement quelque chose de ce côté.

Je reçois à l'instant une lettre de M. Baudon pleine de bienveillance, il ne promet rien de précis, mais il fait toujours plus qu'il ne promet. Est-ce que vous ne l'avez pas vu? Il devait attendre votre visite après ma lettre.

Je n'ai pas reçu jusqu'ici les livres que vous m'aviez promis de m'envoyer; en serait-il donc de cet envoi comme du panier de vin que nous attendons toujours?

Adieu, cher enfant, je vous remercie de votre bonne petite lettre pour ma fête, elle est tendre et filiale comme toujours. Ne vous tuez pas; ayez toujours un peu de répit pour l'âme et pour le corps, le bon Maître fera ce que notre insuffisance n'aura pas fait. Je vous aime tendrement et suis en J. et M.

Votre ami et Père

Le Prevost

Offrez mon respect à M^me votre mère et mes bons souvenirs à votre frère, à l'occasion du nouvel an.