343  à M. Vince

Encouragement à la patience dans la maladie. Dévotion à saint Joseph.

Vernet, 14 janvier 1856

A la bonne heure, cher enfant, vous savez encore un peu écrire et, malgré les faiblesses de votre pauvre santé, vous m'avez griffonné une petite épître qui m'a fait grand plaisir. Continuez ainsi, en se secouant on chasse un peu la maladie, et le cœur se trouve toujours consolé d'avoir dit quelques mots à de vrais et sincères amis.

Ne vous étonnez point de vos débilités extrêmes, nous sommes au plus bas point de la saison et vous devez nécessairement vous en ressentir; j'en suis là aussi, ma poitrine est un peu moins toussante et crachante, mais je reste d'une faiblesse à faire pitié. A mesure que le soleil va remonter, nous remonterons avec lui, notre p. Beaussier, vous et moi; tous les trois, nous redeviendrons robustes ensemble et, en nous unissant bien, nous ferons peut-être une force assez imposante. Tâchons jusque là de supporter nos infirmités avec patience et en union avec les douleurs de J. et de M.

Votre image de saint Joseph est charmante, mais nous n'avons ici aucune porte ouverte pour le commerce; je suis seul dans la maison avec mon f. Paillé et les pauvres villageois du Vernet n'ont, pour la plupart, pas même de quoi acheter du pain; nous ne connaissons que ceux auxquels nous faisons quelques aumônes; je suis sûr toutefois que notre Père saint Joseph vous sait gré de votre bon désir. Adieu, cher ami, je vous embrasse tendrement. Ecrivez-nous encore.

Votre Père

Le Prevost

Nous avons à deux lieues d'ici un pèlerinage très renommé; notre bonne Mère, la T. S^te Vierge, est invoquée sous le nom de N.D. de Vie, on y obtient beaucoup de grâces, nous allons y faire dire une messe pour vous.