Prochaine visite de M. Halluin à Vaugirard. MLP. lui
apprend la mort du frère Vince.
Hyères, 28
mars 1856
Monsieur
l'abbé,
Je vois avec
joie, par votre bonne et charitable lettre du 25 de ce mois, qu'il n'y a pas
d'obstacle notable à l'union que je désire si sincèrement de voir s'établir
entre nous; quand les cœurs s'entendent, il y a grande espérance qu'on pourra
marcher de compagnie; je me plais donc à penser que le Seigneur, qui a préparé
notre union, daignera consommer son œuvre et nous associer intimement pour son
service. mais quelle que soit, sous ce rapport, l'issue de notre entretien, la
conformité de nos sentiments et de nos œuvres met déjà entre nous un lien de
fraternité; vous pouvez donc considérer comme vôtre, monsieur l'abbé, notre
pauvre maison de Vaugirard; elle sera tout heureuse de vous recevoir, non
seulement pour cette fois, mais aussi souvent que vous voudrez bien y venir.
Elle est, dans cette saison surtout, médiocrement commode et agréable, mais
vous savez, par expérience, les difficultés que rencontrent, de notre temps,
les fondations, et vous serez plus aisément qu'un autre disposé à l'indulgence.
J'informerai mon f. Myionnet de votre arrivée, mais ce serait d'ailleurs chose
superflue, je suis bien sûr qu'il vous accueillera avec bonheur et qu'il
souhaite autant que moi de voir en vous plus encore qu'un ami. La lettre qu'il
m'avait écrite, après son retour d'Arras, d'ailleurs toute remplie d'estime et
de sympathie pour vous et pour votre œuvre, n'indiquait autre chose, quant à
vos dispositions propres, qu'une réserve sage et prudente, telle qu'on l'avait
dû attendre de votre position; il témoignait son vif désir de ne pas vous voir
délaisser votre œuvre qui, dans sa pensée, souffrirait grandement de cette
séparation et qui pourrait nous effrayer un peu, si nous devions en prendre
seuls toute la conduite et tout le poids.
Je regrette sincèrement de n'être pas en ce moment à
Paris pour vous recevoir moi-même et entrer en relation plus directe avec vous;
mais ce rapprochement ne sera pas beaucoup retardé; ma santé, sans être tout à
fait remise, s'est néanmoins améliorée, j'espère toujours revenir pour la fin
d'avril ou le commencement de mai; alors, je me ferai un plaisir de vous rendre
la visite que vous voulez bien nous faire aujourd'hui, et tout me laisse
espérer que ce sera le commencement des rapports habituels et constants qui
s'établiront désormais entre nous.
Veuillez recevoir, Monsieur l'abbé, les sentiments de
respect et d'affection avec lesquels je suis
Votre humble et dévoué serviteur en J. et M.
Le Prevost
P.S. L'adresse de notre maison à Vaugirard est: maison
des orphelins, Chemin du Moulin n° 1.
Je prends la confiance de recommander bien
particulièrement à vos prières un de nos frères que Dieu vient de rappeler à
Lui, après une longue maladie de 9 mois qui, je l'espère, l'aura purifié et
préparé à paraître au jugement du Seigneur. C'est notre f. Joseph Vince, dont
M. Caille vous aura peut-être parlé et que nous avions primitivement placé avec
lui à Amiens; sa piété, son dévouement sans limites, sa mort résignée et toute
édifiante sont pour nous de grands motifs d'espérance et de consolation.
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