362  à M. Vasseur

MLP. le prépare à sa prochaine retraite: le renoncement est le "dernier mot de la vie religieuse". Désir de MLP. de s'unir à ses frères par la charité, dans le Cœur de Dieu.

Hyères, 6 avril 1856

Très cher enfant en N.S.,

Je ne vous écris que quelques lignes, ayant à faire plusieurs lettres; mais je me dédommagerai bien après mon retour qui maintenant sera prochain, je l'espère; je ne pourrai pas vous parler beaucoup, car le souffle et la voix me manqueraient bientôt, mais je vous verrai, je serai près de vous et je prierai le Seigneur de dire à votre cœur ce que je ne pourrai autrement exprimer.

Je vous ai suivi par la pensée durant les solennités de la semaine sainte; j'avais demandé à Dieu pour vous beaucoup de grâces pendant ces jours de bénédiction; c'est la consolation et la douceur après la dureté de l'hiver et les austérités du carême que ces pieuses cérémonies des jours saints et des fêtes de Pâques. Je vois avec joie, par votre lettre, que mes vœux ont été exaucés. Je vais maintenant prier pour votre retraite; puisse-t-elle être bien fructueuse pour vos âmes; préparez-y bien votre cœur, mon cher Alphonse; ouvrez-le pour que le Seigneur y entre et y opère selon les desseins de son amour. J'ai la confiance qu'après ces saints exercices, vous aurez fait quelques pas de plus dans la voie du renoncement, qui est toute la doctrine de Jésus-Christ, le sommaire de la perfection et le dernier mot de la vie religieuse. Ces quelques pas faits vers Dieu seront aussi faits pour votre vieil ami et Père, car qui est-ce qui pourrait nous séparer sinon ce qui est contraire à la pure charité, et qui est-ce qui unira et fondra nos âmes, sinon cette perte de nous-mêmes en Dieu qui consomme notre union dans son divin Cœur.

Je vous embrasse tendrement.

Votre ami et Père

Le Prevost