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Jean-Léon Le Prevost
Lettres

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  • Lettres 301 - 400 (1855 - 1856)
    • 363  à M. Myionnet
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363  à M. Myionnet

Explications demandées sur le changement de statut de la propriété de Vaugirard pour autoriser la loterie. Il faut trouver des ressources pour la Communauté. Un bienfaiteur fait don d'une maison.

 

Hyères, 10 avril 1856

Très cher ami et fils en N.S.,

Pour répondre vite et poste pour poste à votre lettre, je vais le faire laconiquement; ne prenez pas pour de la sécheresse, qui n'est pas dans ma volonté, une brièveté que le défaut de temps commande.

J'ai reçu vos 500f, je vous en remercie; je regretterais d'imposer cette dépense à la Communauté si la bonne Providence ne devait s'en charger; Mlle Gauthier m'offre 300f, je lui écris pour les accepter et la prier de vous les remettre; déjà, Mme Taillandier vous avez remis 100f pour mon retour; si, sur les 500f, nous en rapportons 100, nous établirons la balance; déjà précédemment, c'est avec les dons qu'on m'avait faits à l'occasion de mon départ et avec la quote-part du f. Paillé que nous avons pu pourvoir à nos frais depuis mon éloignement de Vaugirard; il sera donc vrai de dire que le divin Maître a daigné préparer lui-même notre viatique, grâces en soient rendues à sa paternelle bonté.

Vous ne me donnez pas d'explication assez claire relativement à votre proposition d'abandon aux sœurs de charité de la propriété de Vaugirard, en cas de dissolution de notre Société. Entendez-vous par ce mot Société les trois acquéreurs de la propriété, ou bien la Communauté elle-même, ou enfin l'établissement des orphelins? Si vous entendez seulement l'association des acquéreurs, elle s'éteindra à la mort du dernier des trois tout au plus tard, et en admettant que légalement on n'en conteste pas l'existence, quand l'un ou deux des trois seront décédés; alors cela n'irait pas bien loin et, après un petit nombre d'années, en vertu de l'acte d'abandon, la propriété reviendrait aux sœurs de Charité, et la Communauté laissée derrière serait frustrée.

Entendez-vous la Communauté dans son ensemble? Je serais bien alors de votre avis; elle venant à s'éteindre, rien de mieux à faire que de faire passer l'immeuble à une destination charitable. Mais il me semble évident que l'administration n'a pas eu en vue la Communauté, qu'elle ne connaît pas ou qui est nulle à ses yeux, puisqu'elle n'a pas d'existence légale.

Enfin, voulez-vous parler seulement de l'institution des orphelins, et serait-ce en cas de dissolution de cet établissement que nous devrions déguerpir et abandonner la propriété à d'autres? Mais alors ce serait bien nous lier; rien ne nous répond que, dans quelques années, nous ne trouverons pas à propos de remplacer cette œuvre par une autre, ou de la transformer, ou de la porter ailleurs; en tous cas, il y aura matière à difficulté ou à un détriment considérable pour notre Communauté. Si, comme je crois l'entrevoir, vous désignez par ce mot de Société l'espèce de tontine ou association constituée entre les trois acquéreurs et qui laissera propriétaire le dernier survivant, il faudrait être bien positivement assuré, avant de faire l'acte d'abandon que vous proposez, non seulement que cette Société est bien solide et ne peut être contestée après le décès de l'un ou de deux des associés, mais encore qu'elle peut se continuer en remplaçant par d'autres les associés qui viendraient à mourir; or, c'est là ce qui ne m'a pas paru certain et qui me semble même assez douteux; il y aura lieu sans doute à des transmissions par testament ou autres actes qui changeront les conditions de la Société actuelle et pourront la faire considérer comme légalement dissoute; or, en ce cas, l'immeuble reviendra aux sœurs de Charité. Eclaircissez bien ces points avant de faire la démarche que vous proposez, car elle pourrait en divers cas, ainsi que je l'indique, donner lieu à de fâcheuses conséquences pour nous.

L'abandon proposé constituerait d'ailleurs une véritable donation (en certains cas prévus) au profit des sœurs de Charité; cette donation, pour n'être pas fictive, devrait nécessairement avoir leur consentement ou l'acceptation de leur part; l'affaire ainsi posée ne pourrait être traitée qu'administrativement, c'est-à-dire qu'elle serait portée à l'examen du Conseil d'Etat et traînerait inévitablement plusieurs mois, six peut-être; ce seraient de bien longs retards. Je crois qu'il est essentiel que vous consultiez sur tout cela M. Lambert et que vous ne fassiez rien sans son avis. Puis, après tant de délais et de difficultés, la loterie serait-elle enfin autorisée? La chose est bien incertaine. Je ne puis vous donner d'avis plus précis, vos explications ne m'ayant pas suffisamment éclairé; consultez M. Lambert et rapportez-vous à son avis.

Il est bien essentiel, dans cette situation, de ne pas en demeurer là, et sans tarder, et avec toutes les diligences possibles, de créer quelques ressources pour les besoins du moment; j'aimerais bien mieux un sermon ou quelque autre moyen selon nos vues chrétiennes, mais, si nous n'avons pas le choix, il faut se résigner à celui que Mme de Vatry choisira (une représentation théâtrale ou un bal excepté). Un concert préparé par elle ne peut être mal composé; son amie, Mme de Spare, y chanterait sans doute, c'est une personne bien posée qui ne se compromettra point dans une assemblée mal convenante.

Pour la location des bâtiments en bas de notre maison, je crois qu'il faut les louer à 2.500f pour 9 ans, si on ne peut les louer pour 3, 6 ou 9. Quand même nous serions contraints plus tard de faire des constructions sur le hangar ou autrement pour une dizaine de mille francs, ce serait bien moins lourd pour nous et aussi plus commode que de porter une partie de nos dépendances à une distance énorme du reste de la maison.

J'enverrai une petite lettre à M. Maignen pour Mme Abel Laurent.

Quant à M. Baulez, vous ne m'expliquez pas assez nettement l'affaire, la clarté est si nécessaire pour s'entendre. M. Baulez nous donne-t-il définitivement cette maison? Comment nous la donne-t-il? Autrefois, il m'avait dit qu'il la mettrait en notre nom par un acte de vente, a-t-il changé d'avis? M. Demanche, son notaire, le dissuadait de cette donation ou voulait au moins que certaines difficultés qu'il entrevoyait fussent levées; ne serait-il pas mieux de le voir? Cette maison sera vendue à vil prix, ne vaudrait-il pas mieux la laisser en location? J'avais pensé que, si elle nous appartenait définitivement, on pourrait la badigeonner et replâtrer un peu et la mettre dans notre loterie. Voyez tout cela, je ne puis répondre sans de nouveaux renseignements de votre part.

Si vous louez les bâtiments de Vaugirard, prenez des renseignements sur les locataires, stipulez qu'ils ne pourraient céder leur location sans notre permission. Nous examinerons la question de porter à 25f la pension des enfants et nous la déciderons à mon retour; cette mesure présentement porterait préjudice à l'appel que nous voulons faire à la charité par la loterie ou autrement.

Je vous embrasse ainsi que nos frères.

Le Prevost

 

 




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