Impressions favorables de sa visite à Amiens. Les
obligations de la vie religieuse ne sont guère pesantes quant le cœur les accepte avec générosité. Union fraternelle
entre ceux qui se dévouent aux mêmes œuvres. Il faut que M. Halluin écrive.
Amiens, 15
juin 1856
Cher Monsieur l'abbé,
Je ne veux pas quitter votre voisinage sans vous adresser
quelques mots d'adieu, et sans vous remercier de l'accueil affectueux que vous
nous avez fait. Je suis revenu le cœur content; je souhaitais trouver dans
votre œuvre le vrai et pur dévouement, je l'ai rencontré; je souhaitais aussi
que si notre union se consommait, elle fût bien cordiale et bien entière; je
crois que mes vœux sont pleinement remplis; si nous allons à vous en toute
simplicité et charité, vous venez aussi à nous dans un sentiment pareil; tout
est donc selon Dieu, car la sainte union des âmes pour son service et pour sa
gloire est l'offrande la plus agréable à ses yeux.
J'ai la confiance que sa grâce nous assistera pour rendre
bientôt notre alliance effective; nous y travaillerons des deux parts de tout
notre pouvoir. La bonne nouvelle que vous nous donnez des heureuses
dispositions du jeune ecclésiastique [abbé Daviron] qui partage vos travaux m'a
grandement réjoui, car nous trouverions dans sa détermination définitive de
plus grandes facilités pour préparer une intime fusion de nos moyens
respectifs. Tout ce que vous m'avez dit d'ailleurs de ses qualités et aptitudes
me laisse penser que le Seigneur le veut parmi ses serviteurs les plus dévoués;
nous prierons bien instamment pour qu'il se confirme dans ses bonnes
résolutions. Que ne peut-il savoir comme nous, par expérience, combien il est
doux de faire au Seigneur le sacrifice absolu de soi-même, et combien les
obligations de la vie religieuse sont peu pesantes quand le cœur les accepte
généreusement! Bientôt, je l'espère, il l'éprouvera à son tour, et il nous
aidera à seconder les desseins de la divine Providence qui veut, de notre
temps, sauver le monde par la charité. Je compte bien aussi sur le fidèle
concours de votre jeune séminariste [Cousin] et de vos deux autres frères [Augustin
Bassery et Joseph Loquet]; le court entretien que j'ai eu avec eux m'a mis
aisément en rapport de cœur à leur égard; nous nous sommes compris sans peine,
et je crois que nous sommes déjà tous membres de la même famille.
Je vous prie de les assurer qu'à mon retour je disposerai
toutes les âmes à les affectionner, et qu'ils compteront bientôt autant d'amis
dévoués qu'il y a de frères parmi nous. Je mets aussi dans cette intime union
M. de Lauriston, dont le cœur si affectueux est fait pour se fondre dans une
famille vouée à la charité; nous attendrons impatiemment sa visite qui sera,
dans notre désir, la préparation de sa venue définitive.
Je serai heureux, cher Monsieur l'abbé, de
recevoir de vos nouvelles à tous quand vous aurez quelques instants de loisir;
les petites lettres que vous m'écrivez, ainsi que vos frères, ne resteront
assurément pas sans réponse et achèveront de rendre nos relations toutes
familières et toutes faciles.
Veuillez assurez tous vos frères que nous prierons bien
assidûment pour eux comme pour vous, et recevez, cher Monsieur l'abbé, tous mes
sentiments de respect et de tendre attachement en N.S.
Le Prevost
P.S. Notre f. Caille a trouvé une place chez un menuisier
pour votre jeune ouvrier.
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