399  à M. Carment

MLP. se réjouit des bonnes dispositions du frère Carment. Paix dans les épreuves. La force et l'avenir de l'Institut résident dans la piété. Que M. Carment soit le bon pasteur des enfants qui lui seront confiés.

Vaugirard, 1^er septembre 1856

Très cher ami et fils en N.S.,

Je vous sais bon gré de m'avoir écrit quelques lignes tout de suite après votre arrivée; j'avais bonne confiance pour le succès de votre voyage que nous avions placé tous ensemble sous la protection de la T. S^te Vierge, mais il m'a été bien doux de recevoir de vous quelques lignes où j'ai retrouvé votre cœur affectueux et les bons sentiments de piété et de soumission que je m'étais accoutumé à voir en vous. Si la multiplicité des occupations et diverses circonstances que vous n'avez pu entièrement maîtriser avaient un moment obscurci quelque peu ces bonnes dispositions, elles ont vite repris le dessus et elles vont maintenant faire comme par le passé le fond habituel de votre âme. C'est ainsi que je vous reconnaîtrai, mon cher enfant et que vous vous reconnaîtrez vous-même en remettant votre cœur dans la paix, dans la confiance en l'amour du divin Jésus et aux tendres miséricordes de notre très douce et très aimée Mère.

Ne vous effrayez pas d'avance, cher enfant, des petites épreuves que vous pourriez rencontrer, si vous invoquez le Seigneur, ne sera-t-il pas près de vous et, s'il porte le joug de moitié avec vous, le joug ne sera-t-il pas doux et le fardeau léger? Encouragez bien notre f. Thuillier, songez que vous êtes plus âgé, plus instruit que lui, que le Seigneur et la S^te Vierge vous ont fait beaucoup de grâces, usez de tout cela pour l'édification de ce cher enfant et pour l'avantage aussi de tous ceux qui vous entourent.

Si vous croyez utile d'avoir quelques renseignements ou de faire quelques observations, usez pour cela, en cas de besoin, de l'entremise de notre bon abbé Lantiez, c'est en particulier pour vous bien asseoir et vous assister, dans ces premiers moments qu'il vous a accompagné. Priez-le, s'il y a utilité, d'expliquer à notre cher M. Halluin que la jambe un peu faible de M. Thuillier peut parfois exiger quelque ménagement et lui rendre difficile un travail trop soutenu dans la cordonnerie. Je ne vous recommande pas la piété, vous avez bien senti que toute notre force et tout notre avenir sont là; vous avez, aux pieds du Seigneur et de la S^te Vierge, commencé votre ministère à Arras, poursuivez ainsi et les fruits seront abondants pour vous, pour la Communauté, pour les jeunes enfants dont vous allez être le Pasteur. Vous n'avez pas oublié les tendres et douces paroles du Seigneur sur le bon Pasteur, vous les méditerez et les repasserez dans votre cœur.

Adieu, très cher enfant, tous nos frères vous restent tendrement attachés, ils vous écriront et prieront fidèlement pour vous. Restez-nous aussi bien uni par le souvenir et consommez en même temps une vraie et fraternelle union avec nos amis d'Arras, que nous soyons réellement les enfants du même Père qui est tout amour, et de la même Mère qui est toute condescendance et miséricorde. Embrassez pour nous notre bon abbé Halluin et les ff. d'Arras, et aussi mes deux enfants venus avec vous, MM. Lantiez et Thuillier.

A vous dans les cœurs sacrés de J. et de M.

Votre ami et Père

Le Prevost

P.S. Notre bon abbé Hello vous remercie et vous écrira.