MLP. insiste pour que M. Halluin participe à la retraite
de communauté, prêchée par le père Olivaint. M. Halluin
a fait l'acquisition projetée. Confiance en la Providence qui se fait
"l'économe de ceux qui se dépouillent pour son amour". La coulpe en
communauté. Le 28 septembre, grande fête à Vaugirard.
Vaugirard, 19
septembre 1856
Cher Monsieur l'abbé,
Depuis bien des jours déjà, je veux répondre aux lettres
que vous avez écrites ces temps derniers à notre bon abbé Lantiez et à moi. Je
me suis trouvé moins libre de le faire que de coutume, parce qu'ayant repris à
la maison une partie de mes occupations ordinaires; je me suis vu en face de
beaucoup d'affaires arriérées qu'il m'a fallu mettre à jour. Ce n'est pas que
ma santé soit bien remise et que je puisse compter positivement qu'il me sera
permis de passer l'hiver au milieu de notre chère famille; mais je souffrais de
voir mes bons amis et frères accablés de travaux, tandis que je restais dans le
repos. Je n'ai pu tenir à la tentation de leur donner un peu d'aide, et je suis
revenu entièrement à la
Communauté.
J'ai vu avec une satisfaction partagée par tous nos
frères que vous espériez pouvoir vous échapper quelques jours, afin de suivre
la retraite avec nous. Ce serait un repos spirituel bien bon pour vous et une
occasion pour nous tous de vivre en famille durant quelques jours. Je souhaite
bien que vous puissiez réaliser ce projet. je serais bien satisfait aussi que
M. Daviron pût venir, surtout si vous lui croyez quelque intention sérieuse
d'étudier sa vocation et si vous en voyez réellement en lui quelques indices.
Je vois avec satisfaction que vous avez pu réaliser
l'acquisition de la maison qui est contiguë à la vôtre. C'était une mesure de
rigoureuse utilité. Soyez bien assuré, cher Monsieur l'abbé, que la Providence ne vous
manquera pas, elle se fait la trésorière et l'économe de ceux qui se
dépouillent pour son amour.
M. Lantiez m'a posé la question relativement à la petite
rente du f. Carment. J'avais eu primitivement la pensée de la laisser
entièrement à la
Maison-Mère, qui est fort à l'étroit présentement et qui a,
de plus que les autres, la charge du Noviciat et plusieurs dépenses qui lui
sont propres. Mais, en tenant compte aussi de vos propres besoins, je me suis
arrêté à la pensée d'un partage fraternel. La moitié vous sera donc attribuée.
J'oubliais de vous dire que notre retraite commencera le 28 septembre au soir,
pour se clore vendredi matin. Elle nous sera donnée par le r.p. Olivaint,
jésuite, homme de cœur et de talent, qui nous connaît et nous aime particulièrement.
Nous n'avons pas été libres de choisir un autre moment, ce bon Père étant
commandé lui-même par la rentrée des classes du collège dont il est Préfet.
Nous recevrons avec grande joie et vous, cher Monsieur l'abbé, et tous ceux de
nos bons frères ou aspirants d'Arras que vous voudrez bien nous amener.
M. Lantiez me dit que vous attendez quelques indications
sur la manière dont se fait la coulpe à Vaugirard. Les indications qu'il vous a
données sont exactes et peuvent vous suffire. Il me semble toutefois qu'on doit
insister, en ce qui concerne les manquants au règlement, sur l'exactitude dans
le lever et le coucher, dans l'observation du silence aux temps indiqués par le
règlement et les usages de la communauté, enfin sur la bonne tenue et la
modestie. Il convient aussi d'indiquer si on a ou non préparé son oraison et
pris soin de la bien faire; sauf ces quelques additions, les points signalés
par M. Lantiez me semblent suffire. On doit remarquer toutefois que la matière
de la coulpe n'est pas invariable. Le Supérieur, selon les besoins
du moment, peut y introduire pour un temps tels ou tels points
concernant la discipline ou la piété, et varier même sur d'autres pour prévenir
la monotonie ou la routine.
Je crois, cher Monsieur l'abbé, avoir répondu aux points
essentiels notés par vos dernières lettres. Si j'omets quelque chose, ne vous
faites pas faute de m'en avertir, soit personnellement, soit par le f. Carment.
Nous ne recevons jamais trop souvent, à notre gré, des nouvelles de nos ff.
d'Arras, et plus les communications entre nous deviendront intimes et
familières, plus notre cœur sera satisfait.
Le f. Bassery vous offre particulièrement son respect; il
va bien. Il m'a témoigné plusieurs fois le désir de faire ses premiers vœux
après la retraite. Je crois qu'il vaut mieux attendre l'expiration de sa
première année de Noviciat. Je lui ai promis toutefois de conférer à ce sujet
avec vous, quand vous serez parmi nous.
J'embrasse bien affectueusement tous nos ff. d'Arras et
vous réitère aussi bien particulièrement, cher Monsieur l'abbé, tous mes
sentiments de respectueux et tendre attachement en N.S.
Le Prevost
P.S. Nous avons, le 28 septembre dans l'après-midi, une
grande fête à la maison de Vaugirard. Ce sont des courses et divers
divertissements que nous avons imaginés pour attirer du dehors une nombreuse
assemblée et préparer quelques assistances par ce moyen à la maison, les
billets d'entrée étant payants. Je crois que cette fête intéresserait beaucoup
nos ff. d'Arras, s'ils pouvaient arriver à temps pour y assister.
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