410  à M. Caille

M. Guillot à Amiens, les instructions qui lui sont données. Obole de MLP. pour l'achat d'une maison. Prochain départ dans le Midi.

Vaugirard, 21 octobre 1856

Très cher ami et fils en N.S.,

Notre f. Henri Guillot part pour se rendre vers vous, afin de vous seconder ainsi que notre f. Marcaire dans vos travaux et exercices; j'espère qu'avec la grâce de Dieu il remplira bien cette mission. Ce n'est pas sans sacrifice que notre maison de Vaugirard se prive de ses services; il est, en effet, plus grave et plus solide de raison que la plupart de nos jeunes frères, et les sujets un peu posés et rassis sont maintenant rares chez nous; mais vous aviez été longtemps en souffrance, je n'ai pas voulu vous laisser en peine; j'espère que le Seigneur, qui sait nos besoins, daignera y pourvoir.

Je vous envoie par cette occasion la petite somme de 500f.que j'ai réunie pour concourir à l'achat de votre maison; c'est une obole, mais c'est l'obole de la veuve; je souhaite qu'elle vous porte bonheur et soit l'annonce de nombreuses souscriptions de la part de ceux qui sont plus riches que nous.

J'ai appris aujourd'hui, non sans quelque regret, que je devais encore m'éloigner cet hiver; le médecin m'assure que c'est le dernier sacrifice et que je pourrai certainement rester ici l'hiver prochain; nos frères et tous nos amis, notre p. Beaussier surtout, m'ont invité à m'y résoudre; j'ai dû me résigner.

Adieu, mon bien bon ami; nous attendons notre cher M. Allard; il va devenir ici bien utile, puisqu'il me faudra sans doute, emmener quelqu'un de notre maison avec moi.

Je n'ai point donné d'instruction particulière à notre f. Guillot, sinon d'être fidèle à Dieu et à Marie et soumis à vous; il va sans dire que le f. Marcaire gardera sa position et que le f. Guillot lui sera subordonné; dans la charité, ces soumissions n'ont rien de pénible, notre f. Guillot est assez avancé pour n'en souffrir aucunement.

Assurez votre petite famille de mon tendre attachement et croyez-moi, comme toujours, dans les cœurs sacrés de J. et de M.

Votre ami et Père

Le Prevost