413  à M. Caille

Dieu est le vrai supérieur de la Communauté. Besoins spirituels de la région de Cannes, où MLP. n'a pas choisi de venir: il y est de par la volonté de Dieu. Prières pour M^me Taillandier. Nouvelles et recommandations pour les frères.

Cannes, 8 novembre 1856

Très cher ami et fils en N.S.,

J'ai quitté de nouveau pour quelque temps notre chère Communauté, les médecins ayant jugé définitivement que cette nouvelle absence était nécessaire pour confirmer le mieux obtenu dans ma santé; jusqu'au dernier moment, j'ai espéré qu'il me serait accordé de faire au moins pendant un mois l'essai de mes forces, mais on s'y est absolument opposé et l'on m'a contraint de profiter des derniers jours de beau temps pour faire le voyage. Si mon départ n'eût été si précipité, j'aurais bien vivement souhaité de tenir ma promesse en allant dire adieu à votre chère petite communauté et à nos ff. d'Arras, mais cette visite sera différée jusqu'à mon retour. Heureusement, derrière le Supérieur si frêle de corps et d'âme, qui semble conduire la petite famille et qui ne peut veiller même de tout près sur elle, il en est un autre dont la divine présence ne lui fait jamais défaut, qui ne la perd point de vue et qui veille avec une tendre sollicitude à tous ses besoins temporels et spirituels. Je l'invoquerai sans cesse pour vous tous durant mon absence, surtout afin que sa puissante assistance vous soutienne, vous fortifie et donne succès à vos œuvres.

Au moment de mon départ, notre jeune f. Allard allait bien; M. Myionnet m'écrit que, depuis, il a eu quelques jours d'ennui, mais qu'il a su le surmonter et marche maintenant avec fermeté; j'espère que le Seigneur ménagera ses épreuves ou daignera l'aider à les porter; je crois qu'en s'éclairant de plus en plus, il se fortifiera dans sa vocation.

J'ai confiance aussi que, de son côté, notre f. Guillot remplira bien sa mission près de vous; c'est un sujet d'esprit déjà mûr, sur la raison duquel on peut compter, qui agit en conscience et par le pur motif de la gloire de Dieu; je pense qu'il peut vous être bien utile, mais il faut le maintenir dans l'humilité, dans la soumission et le détachement de lui-même; c'est ainsi seulement que nous serons dans notre voie et maniables à la volonté du Seigneur.

Je joins ici pour lui une lettre de sa sœur, et deux mots pour lui expliquer ce qu'il a à faire.

Je voudrais écrire à notre cher f. Marcaire, mais pour ne pas différer plus longtemps l'envoi de cette lettre, j'ajourne à prochaine occasion la satisfaction de m'entretenir avec vos chers ff. d'Amiens. Assurez le jeune Defosse de mes sentiments d'affection; j'ai toujours les yeux sur lui, et j'espère qu'après s'être bien disposé et confirmé dans ses intentions, il prendra place parmi nous.

Le pays où je suis diffère peu de celui où j'étais l'an dernier; je ne l'ai point choisi, c'est une raison pour moi de penser que j'y suis par la volonté de Dieu. Il y aurait ici beaucoup de bien à faire, car la ville est minée par les Anglais que la beauté du climat y attire, et qui payent l'hospitalité que leur donne le pays en faisant tout pour lui ravir sa foi. Nous allons examiner s'il est possible d'y établir une Conférence de S^t-Vincent-de-Paul; priez, mon bon ami, et demandez aussi les prières de nos frères pour que le divin Seigneur daigne bénir nos efforts, s'ils doivent concourir à sa gloire.

Adieu, mon bon ami, la distance qui nous sépare n'est rien pour des cœurs chrétiens, car ils savent se retrouver dans le Cœur de Dieu; je vais tâcher de m'y tenir bien habituellement pour que vous soyez sûr de m'y rencontrer. Je vous y embrasse en ce moment de cœur et bien tendrement.

Votre ami et Père en N.S. et en M.

Le Prevost

Offrez mes respects à MM. de Brandt, Mangot et Cacheleux.

Je vous demande bien instamment de prier avec nos frères pour M^me Taillandier, l'amie la plus dévouée de notre petite Communauté; le Seigneur vient de la rappeler à Lui pleine de mérites et de bonnes œuvres. Je désire que vous demandiez la S^te Messe et y assistiez avec nos frères. La reconnaissance nous impose envers cette sainte dame de grandes obligations.