Ne pas se laisser entraîner par le mouvement des œuvres.
Les insuccès apparents précèdent d'ordinaire les grâces
divines. Installation d'une statue de sainte Geneviève.
9
décembre 1856
Cher enfant en N.S.,
Vous ne m'écrivez plus, je serais bien satisfait pourtant
de savoir où en sont nos affaires; je pense que l'installation du patronage à Nazareth266
complique encore vos occupations; je vous recommande bien, cher enfant,
d'ajourner un peu, dans cet emménagement, tout ce qui n'est pas d'urgente
nécessité, de peur que vos journées ne suffisent pas à tout et que vous ne
négligiez forcément des intérêts bien pressants pour nous; la saison d'hiver
durera bien peu maintenant, c'est le seul moment où nous puissions recueillir
des ressources, il faut donc la bien mettre à profit. Avez-vous pu payer les
intérêts échus à M. de Kergorlay, de Fontette, etc.?
Ecrivez-moi, ne fut-ce que quelques lignes; je crains
parfois que le fardeau ne vous accable et que vos forces n'y suffisent plus.
Appuyez-vous bien sur le divin Seigneur, la Ste Vierge,
St Joseph et St Vincent, vous serez fort surnaturellement,
c'est-à-dire à miracle, contre toute espérance. Les difficultés et insuccès
apparents sont un gage ordinaire d'une réussite prochaine: qui seminant in
lacrymis, in exultatione metent267; laissez tomber souvent
ces paroles sur votre cœur, car c'est l'Esprit Saint lui-même qui les a écrites
pour les serviteurs de Dieu.
Je désire que vous mettiez le plus tôt possible la statue
de Ste Geneviève dans la chapelle de Nazareth; je l'avais promis à
la bonne sainte dans un pèlerinage, il y a trois ans268; je pense que
la plus grande console de Calvat suffirait pour cela.
Je vous ai dit ma mésaventure pour le livre envoyé de
chez M. Lecoffre, peut-être par notre bon ami M. Berthuot; on ne me l'a point
rapporté, je crains bien de ne le point revoir; il va sans dire que M.
Berthuot, si c'est de lui qu'était l'envoi, ne devra rien perdre en cette
affaire. Si vous avez quelque livre à m'envoyer, servez-vous de la poste.
Adieu, bien cher enfant, je vous embrasse tendrement en
N.S.
Votre vieil ami et Père
Le Prevost
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