452  de M. Paillé à M. Decaux

P.S. de M. Le Prevost

La santé de MLP. s'améliore. Désir de revoir M. Decaux et de travailler avec lui.

Cannes, 8 février 1857

Mon bien cher Confrère,

Nos ff. de Nazareth n'auront pas manqué de vous faire part des bonnes nouvelles que je leur ai envoyées de la santé de notre cher Père. M. Le Prevost a eu un moment difficile, une grande inflammation d'entrailles l'ayant réduit à ne presque plus boire ni manger, une grande prostration s'en est suivie; pour une santé aussi frêle, cet état était inquiétant, mais l'inflammation ayant disparu avec l'aridité de l'air, ou plutôt les prières nombreuses ayant obtenu la cessation de cet état, M. Le Prevost a pu reprendre de la nourriture et les forces sont revenues. Lorsque j'arrivai, M. Le Prevost était encore faible, mais de jour en jour sa santé s'est améliorée, en sorte qu'en ce moment elle est dans son état habituel.

Je ne sais précisément à quelle époque je serai de retour à Paris. M. Le Prevost pense à me renvoyer au mois d'avril. Je regrette beaucoup de ne pouvoir avec vous et sous votre direction m'occuper de notre chère œuvre de Nazareth. Nous nous entretenons souvent de vous, de votre dévouement si entraînant, et du zèle si bienveillant de tous ces Messieurs du Conseil qui concourent avec vous à notre chère œuvre. Retenus au loin et forcément inactifs en ce moment, nous vous aidons au moins par nos prières et vous payons au fond du cœur par notre bien vive affection.

J'espère que vous aurez bientôt à vous occuper de la fondation de la maison du quartier des Gobelins; lorsque je suis parti, j'attendais le retour de M. Delaveau; il doit être actuellement à Paris, je viens de lui écrire, il ira s'entendre avec M. Baudon. Prions Dieu pour qu'Il mène cette œuvre à bonne fin, elle sera peut-être encore une de vos croix, mais ce sont des croix qu'on aime; elles conduisent au Ciel.

J'ai oublié de vous dire avant mon départ que le ménage, pour lequel on demande un logement à Nazareth moyennant 1.000f, est très âgé; ils ont l'un et l'autre 75 ans. Dans le cas où l'on trouverait que 1.000f ne seraient pas assez, on serait disposé à ajouter quelque chose. M. Maignen, si vous le voulez, négociera cette affaire. Comment trouver une chambre? C'est là le difficile; cependant 1.000f ou 1.200f ne sont pas à dédaigner dans la position de nos affaires.

Rappelez au f. Maignen qu'il faut qu'il obtienne une quêteuse de la Sœur S^t François; j'espère que vous aurez pu me trouver un remplaçant pour la prière à Nazareth le jeudi. Continuez, je vous prie, de faire prier pour notre cher Père; le moment où l'on a commencé à prier pour lui d'une manière fervente a été celui de la résurrection; si nous nous endormons, une nouvelle chute pourrait arriver; mais votre cœur est de ceux qui veillent toujours; je suis tranquille.

Recevez, mon bien cher Confrère, l'expression de mes sentiments affectueux; veuillez présenter à tous ces Messieurs du Conseil l'expression de mon respect et de ma reconnaissance.

Votre tout dévoué confrère

Paillé

Mon bien bon ami, j'ajoute ici moi-même deux lignes pour attester avec notre cher f. Paillé que je ne suis pas encore mort; c'est un sursis, sans doute, qui ne saurait être d'une durée bien longue, mais, si j'en juge par les apparences, il me permettra de vous revoir et peut-être de travailler encore quelque peu avec vous au service de Dieu et de ses œuvres. En attendant, je prie pour vous et pour nos bons et dévoués amis, et je vous aime et vous aimerai jusqu'à la fin.

Votre tout affectionné ami et frère en N.S.

9 février 1857                                                                         Le Prevost