Ménagements à avoir envers un jeune frère. Prières pour
les défunts. Fondation à Vaugirard d'un atelier de ciselure
pour les Persévérants. Révision du Règlement. Dévotions pour le mois du
Sacré-Cœur.
Vaugirard, 14
juin 1857
Bien cher Monsieur l'abbé et fils en N.S.,
Je vous envoie le petit journal relevé par le f. Georges,
c'est moi uniquement qui en ai retardé le départ, n'ayant pas trouvé le moment
d'ajouter quelques mots que je voulais écrire pour vous donner signe de bon et
affectueux souvenir. Je vous adresse aussi une petite lettre du jeune f. Jules
qui va bien maintenant, comme il vous l'apprend lui-même. La grâce du bon Dieu
me paraît l'avoir évidemment secouru. Pour la seconder, de notre part, nous
avons fait à ce cher enfant la vie très douce, le laissant se porter presque
uniquement aux occupations qu'il affectionne, c'est-à-dire les décorations de
la chapelle et quelques apprêts de fêtes qui se sont succédées ces temps
derniers à des temps plus rapprochés que de coutume. J'espère que sa
bonne volonté se soutiendra et qu'il sera possible de l'attacher au service de
Dieu; ces pauvres enfants ont, à cet âge, la raison encore bien peu ferme et
leur conduite demande bien des ménagements. Et d'ailleurs, que les esprits sont
peu fermes de notre temps, que l'esprit de foi est superficiel et qu'il est
difficile de trouver des âmes généreuses et grandes dans le sacrifice. Le f.
Georges [de Lauriston] continue de bien marcher, je le crois en très bonne voie
et j'espère bien de son avenir comme religieux. Les autres se soutiennent
aussi. Je recommande à vos prières le f. Marcaire qui vient de perdre son père
et à qui cette épreuve est doublement douloureuse, parce que sa mère,
malheureusement faiblement chrétienne, au moins dans la haute acceptation de ce
mot, met sa vocation à de rudes épreuves. J'espère bien néanmoins de la fermeté
de notre frère, et surtout de sa piété qui est vraie et fervente. Je vous
demande aussi vos prières pour son père qui est mort en très bonnes
dispositions. On dit ici une messe tous les mois pour les ff. défunts, pour
leurs parents et pour les bienfaiteurs aussi décédés. Vous verrez si ce ne
serait pas un bon usage à introduire aussi à Arras. Le bon Dieu aime la
reconnaissance et se complaît aux prières que suscite la charité.
Nous cherchons à établir un petit atelier de ciselure et
de montage en bronzes pour nos persévérants, afin de les occuper. Je vous
tiendrai au courant du résultat de nos efforts.
Notre règlement est enfin révisé, je vous l'enverrai
prochainement. je ne me suis pas pressé en cette affaire, elle ne saurait être
trop mûrie.
Nous faisons ici le mois du Sacré-Cœur. Chacun lit en
particulier la petite lecture du jour; le soir, on lit ensemble l'acte de
consécration et, après les principaux exercices, on répète: Cor Iesu
sacratissimum, Cor Mariæ immaculatum. cette dévotion ne charge guère, elle est
très réchauffante, elle nous produit toujours un bien sensible.
Adieu, cher Monsieur l'abbé, je compte toujours vous
voir, les travaux d'Amiens m'ont empêché de fixer l'époque bien précise de mon
voyage; s'ils tardent trop, j'aviserai au parti à prendre.
J'embrasse bien affectueusement vous et nos ff. d'Arras.
J'espère que le f. Carment répond mieux à vos vues et sait mériter votre
affection, je le demande à Dieu sincèrement.
A vous en J. et M.
Le Prevost
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