479  à M. Halluin

Projet d'aller à Arras au temps le plus convenable pour l'œuvre. La St-Henry. Appel à une union dans la charité plus étroite, car jusqu'à présent, l'effet est plus lent qu'il ne l'avait souhaité.

Vaugirard, 14 juillet 1857

Bien cher Monsieur l'abbé et fils en N.S.,

M. Caille m'écrit que la bénédiction de la maison d'Amiens ne se pourra faire que le 15 du mois prochain, les travaux de la chapelle ne devant guère être terminée avant cette époque. Il ajoute qu'il serait néanmoins en mesure de recevoir, dès ce moment, une visite de nous puisqu'il est déjà installé avec ses frères dans le nouveau local, mais je ne verrais guère d'utilité à faire deux voyages à Amiens, à distance si rapprochée l'un de l'autre.

J'ai remarqué cependant, cher Monsieur l'abbé, que, dans votre lettre au f. Georges, vous insistiez pour que notre petite excursion à la maison d'Arras ne fût guère différée, à cause de quelques arrangements que vous souhaitiez de régler de concert avec nous, durant le séjour que nous pourrions faire près de vous. Si ces dispositions étaient absolument urgentes et vous paraissaient demander ma présence sans retard, je n'hésiterais pas à me rendre à votre désir, car je n'ai rien tant à cœur que le bien de nos chères communautés, et je me prêterai toujours avec empressement à tout ce qui pourra leur être de quelque utilité. Autrement, s'il n'y avait rien de pressant, je ne verrais pas d'inconvénient à différer mon voyage jusqu'au moment marqué par le f. Caille, puisque je ne puis assister, à mon grand regret, à la petite solennité de famille qui se fait à l'occasion de votre fête. Je verrais même à ce délai un petit avantage, il est vrai bien secondaire et que je négligerais de grand cœur s'il était besoin, c'est qu'au 15 août, les grandes chaleurs étant passées, je serai mieux en force pour supporter les quelques voyages que je dois faire faire de votre côté d'abord, et ensuite sur un ou deux autres points. Soyez assez bon, cher Monsieur l'abbé, pour me dire, en toute simplicité, ce que vous désirez, ce qui vous semble nécessaire ou utile, je me rangerai à votre sentiment et je tâcherai de régler mes dispositions et celles du f. Maignen qui, sans doute, m'accompagnera, afin de vous satisfaire.

J'avais surtout en vue, en vous écrivant aujourd'hui, de vous dire, bien cher Monsieur l'abbé, que toute notre petite famille se souviendra de la fête de S^t Henry. Deux autres de nos frères, M. l'abbé Planchat et le f. Guillot à Amiens, portent comme vous ce nom qui nous est ainsi cher à bien des titres. Je vous offre tous les vœux, toutes les tendres affections de nos frères et, en particulier, mes plus tendres sentiments. Nous prierons aujourd'hui pour vous bien ardemment, et demain ceux qui feront la Sainte Communion la feront à votre intention. Daigne le Seigneur nous entendre, bénir vous et toute la chère famille d'Arras, y maintenir, y accroître encore la piété, le zèle, la vive charité, cette unité sainte qui fera pour le bien et pour la gloire de Dieu de toutes vos forces une seule force, de tous vos cœurs un seul cœur. Puisse aussi notre union se resserrer de jour en jour, devenir plus ferme, plus efficace pour le bien de nos âmes et pour l'avantage de nos œuvres. Bien des causes en rendent jusqu'ici l'effet lent et moins effectif que nous ne l'eussions voulu, mais notre bon vouloir et notre constance surmonteront peu à peu les difficultés et feront produire à notre association les bons résultats que procure certainement toute union formée en Dieu, pour une fin vraiment chrétienne et charitable.

Adieu, cher Monsieur l'abbé et fils en N.S.; je me sens bien cordialement avec vous dans le Cœur sacré du divin Sauveur, et j'y veux demeurer bien longtemps au beau jour de votre fête.

J'embrasse vous et tous nos frères bien affectueusement.

Le Prevost