Formule de testament. Un livre de l'abbé
Lequette287. Nouvelles des communautés, et de quelques orphelins. Projet d'union avec l'abbé Choyer. MLP. compte sur
M. Halluin pour entretenir des rapports faits de franchise et de simplicité,
gage d'une collaboration solide et durable.
Vaugirard, 22 octobre 1857
Bien cher Monsieur l'abbé et fils en N.S.,
Je vous envoie le modèle de testament que vous m'avez
demandé, les formes sont fort simples et seront bien faciles à suivre.
J'ai appris par notre f. Caille que le f. Carment était
momentanément à Amiens, à cause de la santé de son père qui paraît être fort
gravement malade. Je pense bien que cette absence a obtenu votre approbation et
qu'elle s'est faite au moment qui vous a paru convenable. M. Caille me dit que
le f. Carment passe la nuit près de son père et qu'on a des inquiétudes
sérieuses sur l'état du malade. Il est heureusement dans de bonnes
dispositions, chrétiennement.
M. Anatole de Ségur288 a promis d'examiner le
livre de M. Lequette, il me paraît le trouver bien sérieux. Il s'attache
lui-même, dans le livre qu'il compose pour les soldats, à y mettre les formes
les plus attrayantes. M. Paillé a été chargé par moi de voir M. le Curé de St-Sulpice
et de lui laisser une note qui lui rappelle que M. Lequette a déjà prêché à St-Sulpice
et qu'on pourrait compter sur lui à l'occasion.
Je viens de recevoir une petite lettre de Monsieur l'abbé
Deberly m'annonçant son arrivée parmi nous pour demain samedi. Nous
l'accueillerons avec joie pour tout le temps qu'il voudra bien nous accorder.
Il a des qualités précieuses qui pourraient être bien utiles dans les œuvres;
je doute cependant un peu qu'il se détermine à s'y donner entièrement.
Nous n'avons point reçu jusqu'ici de nouvelles de notre
enfant Paul Piard [Baffait, dit Piard]. Je pense qu'il s'est déjà bien
accoutumé à sa nouvelle position. Lorsqu'il est entré chez nous, il y a
quelques années, il resta plusieurs jours sans manger tant sa peine était
grande. Mais, aujourd'hui qu'il a plus d'âge et de raison, j'espère qu'il aura
pris aisément son aplomb.
Ferdinand, dont je joins ici une petite lettre, va bien.
Nous avons mêlé sa journée de travaux de couture et de travaux actifs, afin de
le mettre dans de bonnes conditions pour sa santé. Jules va bien également; il
est encore jeune d'esprit, mais la maturité viendra. M. Lantiez n'en est pas
mécontent.
Notre petit atelier de ciselure est en pleine activité et
paraît devoir bien marcher; celui de sculpture prend plus de consistance. ceux des cordonniers et des tailleurs
se soutiennent bien. J'espère que nous allons, de ce côté, faire un pas en
avant et poser les bases d'un bon avenir.
L'affaire d'Angers doit se décider dans le cours de
novembre. M. l'abbé Choyer est toujours dans les meilleures dispositions. Nous
laisserons le bon Dieu nous guider en cette circonstance comme toujours. Je
vous dirai la suite de ce projet qui pourrait intéresser grandement la Communauté tout
entière.
Les occupations du f. Georges [de Lauriston]
ne lui laissent plus le loisir de faire régulièrement l'extrait du journal de
la maison de Vaugirard et de vous l'envoyer tous les quinze jours. J'ai chargé
de ce soin le f. Paillé, qui pourra ainsi rendre nos communications habituelles
et plus intimes. Nous avons besoin de ces rapports fréquents, d'autant que,
n'ayant pas eu dans le principe de vie commune, nous aurons toujours quelque
peine à opérer entre nous cette fusion parfaite qu'on a naturellement quand on
a vécu un certain temps dans la même maison. La charité des deux parts y
suppléera, je l'espère. Je vous demande, cher Monsieur l'abbé, d'aller toujours
avec nous en toute franchise et simplicité, nous disant ce qui pourrait vous
contrister ou vous faire ombrage. M. Beaussier m'a dit quelques petits
scrupules qui vous sont venus sur un ou deux points du règlement. Ils portent
sur des points de détail qui pourront aisément être révisés, s'il y a lieu,
après examen. L'essentiel est qu'il n'y ait point entre nous de malentendu, de
manque de confiance réciproque. Nous nous sommes, pour notre part, donnés à
vous en toute et pleine cordialité. J'ai la conviction qu'il en est de même de
votre côté. Cette parfaite assurance nous est nécessaire des deux parts,
autrement nous ne poserions rien de solide, ni pour le présent, ni pour
l'avenir.
Adieu, bien cher Monsieur l'abbé, j'embrasse dans les
Cœurs sacrés de J. et de M. vous et tous vos frères, et suis avec une profonde
affection.
Votre ami et Père
Le Prevost
P.S. Je voulais faire quelques mots d'affection pour le
f. François Cousin, à qui je dois une réponse. Veuillez l'assurer que je ne
l'oublie pas devant Dieu.
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