499  à M. Carment

Le bien spirituel qui se fait à Nazareth. Observations aux Supérieurs; les faire dans la forme qui convient. L'obéissance de cœur et d'esprit gagne le cœur de Dieu.

Vaugirard, 3 novembre 1857

Bien cher enfant en N.S.,

J'ai appris avec plaisir, par la lettre que vous m'avez écrite en quittant Amiens, que votre bon père se trouvait mieux et que vous pouviez retourner à votre poste. Je continuerai à prier avec vous pour tous ceux qui vous sont chers, pour votre bon père en particulier.

Je vous remercie des quelques détails que vous avez recueillis au sujet de la maison de Nazareth; je sais qu'il arrive encore parfois qu'on n'obtient pas des jeunes gens ou apprentis absolument tout ce qu'on peut désirer; j'inviterai nos frères à surveiller la bonne tenue, surtout dans les exercices de la chapelle; les enfants de Paris sont plus légers que d'autres, on a plus de peine à obtenir d'eux le calme et le recueillement. En ensemble pourtant, il se fait un grand bien dans cette maison; M. l'abbé Hello s'en occupe spirituellement, avec beaucoup de constance et de fruit; presque tous les enfants ou jeunes ouvriers se confessent au moins tous les mois; 180 ont communié au jour de la Toussaint avec d'excellentes dispositions. Je n'ai pas pris en mal vos observations, elles étaient présentées dans la forme qu'il convient d'employer quand on a à cœur de faire le bien. Soyez assuré que les Supérieurs ne demandent pas mieux que d'être avertis, seulement on doit le faire avec déférence et sans avoir l'air de leur faire la leçon ou de leur imposer son opinion, car alors l'avis sentant l'orgueil, la présomption, le manque de respect ne peut manquer d'être rejeté, sinon en lui-même, au moins dans le ton et l'expression qu'on y a mis.

Adieu, mon cher enfant, faites, dans la position où le Seigneur vous a mis, tout le bien qui vous paraîtra possible, prenez à cœur l'intérêt de votre excellente œuvre, croyez toujours à l'avis de ceux qui vous conduisent plutôt qu'au vôtre, l'obéissance gagne le cœur de Dieu, mais l'obéissance de cœur et d'esprit vraiment soumise et généreuse. Avec cela, et en veillant bien sur les mouvements souvent prompts de votre nature, vous serez vraiment utile dans votre chère maison d'Arras et vous gagnerez les cœurs de vos frères et de vos enfants: Beati mites quia²⁸⁹ etc.

Je vous embrasse bien affectueusement en N.S.

Le Prevost