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Jean-Léon Le Prevost Lettres IntraText CT - Lecture du Texte |
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519 à M. HalluinL'abbé Choyer est venu à Vaugirard. Nouvelles du frère Bassery à nazareth. Qualités de fermeté et de courage sans lesquelles on ne fait rien de bon; les âmes trop faibles ne peuvent s'accommoder de la vie en communauté. Le frère de Lauriston doit s'affermir. Que la communauté d'Arras soit plus unie.
Cher Monsieur l'abbé et fils en N.S., J'ai tardé plus que je ne le voulais à vous écrire; la présence ici pendant quelques jours de M. l'abbé Choyer, d'Angers, m'a été l'occasion d'un assez grand dérangement, et d'ailleurs nous sommes si près de Paris qu'on commence à ne pas s'effrayer de la distance et que les allants et venants ne laissent pas que d'être aussi une cause d'interruption dans nos affaires. Je voulais aussi laisser passer quelques jours pour que le f. Augustin [Bassery] pût vous dire un peu sa situation. Il vous écrit aujourd'hui pour vous rendre compte de ses dispositions, son caractère est toujours le même: il est doux, docile, intelligent, mais sans énergie et sans volonté, regrettant toujours la situation où il n'est pas et ne sachant pas s'asseoir fermement dans celle où il se trouve. Je vous laisse tout à fait juge du parti qu'il faut prendre à son égard. Si vous croyez pouvoir l'employer utilement et sans danger à Arras, je ne mets aucun obstacle à son retour. Si vous pensez, au contraire, qu'il doive rester à Nazareth, il faudrait lui écrire nettement que vous ne pouvez le recevoir présentement et qu'il doit faire un effort pour apprendre un peu la fermeté et le courage sans lesquels on n'est propre à rien, ni pour son salut, ni même pour se soutenir temporellement. Ce qu'il dit de sa santé et de sa tristesse est exagéré. Il n'a pas mauvais visage. On a pour lui des ménagements extrêmes. Si ce pauvre enfant avait l'ombre de raison, il comprendrait combien il y a de patience et de miséricorde dans la conduite qu'on tient à son égard. Il se peut que l'épreuve de son changement lui ait servi de leçon et qu'il vous donnât satisfaction pour un temps, en s'occupant plus activement et en veillant mieux sur lui-même. Je dis pour un temps, car je crois qu'il lui faudra de plus rudes avertissements pour le former et qu'il ne deviendra homme et, je l'espère, solidement chrétien qu'après avoir goûté des rudesses et des peines de la vie du monde. La vie de communauté est trop douce et trop condescendante pour des âmes si faiblement trempées; l'air du dehors est nécessaire pour les corriger. Vous jugerez, cher Monsieur l'abbé, ce que vous croyez de meilleur pour lui et pour votre maison. S'il doit demeurer près de nous, nous serons patients avec lui, mais en usant toutefois de la fermeté que sa manière d'être peut exiger. Notre f. Georges [de Lauriston] me prie de l'excuser sur les retards qu'il a mis à s'acquitter des petites obligations qu'il a prises pour quelques-uns de vos enfants. Il n'a jusqu'ici reçu aucun fonds de chez lui, il attend ses comptes qu'on lui rend ordinairement à cette époque de l'année; mais, comme il ne les demande pas, on peut différer encore l'envoi qui doit lui en être fait. Les questions d'argent étant toujours délicates, je m'abstiens de le presser beaucoup. Les moindres affaires l'absorbent et le troublent, il a besoin de n'avoir pas trop de choses pesant sur lui. Bien qu'en ce moment il ne soit très chargé, il ne trouve pas une minute pour ses affaires. Son bon cœur, son excellent esprit, sa piété et sa droiture d'intention font large compensation à ses imperfections, mais elles nuisent à son action, et lui créent à lui-même des difficultés. Je crois que le moment de songer pour lui à un déplacement ne saurait être encore prochain. Il a besoin de s'affermir dans sa voie et de prendre dans la vie commune des impressions un peu profondes. J'espère qu'il en sera ainsi, sa volonté étant parfaite et son désir de servir Dieu bien cordial et bien constant. Je recevrai avec joie de vos nouvelles; je souhaite bien que le Seigneur proportionne ses grâces à vos besoins, et je le lui demande tous les jours avec une vive instance. J'espère que, peu à peu, vous arriverez à former autour de vous une petite communauté unie, dévouée et animée de votre esprit. Ce sera alors un véritable appui pour vous. Je crois que vous vous rapprocherez de ce but en tendant à l'unité, que vous ne pourrez jamais constituer avec des éléments de natures diverses. C'est pourquoi je ne puis qu'approuver la pensée que vous avez de réduire votre personnel, dès que vous le pourrez, aux membres composant la communauté. Je laisse le bon Dieu vous conduire sur ce point comme sur les autres, sachant bien qu'Il est avec vous et que ses lumières ne vous manqueront pas. Adieu, bien cher Monsieur l'abbé; nous allons assez bien ici, nos petits ateliers marchent. Nous commençons quelques travaux pour la maison d'Angers avec laquelle nos projets d'union s'élaborent toujours. Mgr l'Evêque d'Angers nous presse vivement, voulant nous voir quelque lien avec son diocèse. Lui-même a toujours été un père pour nous. les frères se soutiennent bien. Jules et Ferdinand sont peu consistants, mais pas mauvais. Ils vous offrent leur respect. Mille affections de tous, et surtout de votre dévoué en N.S. Le Prevost
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