Le frère Loquet a quitté brusquement la communauté
d'Arras. Il faut le remplacer.
Vaugirard, 11
février 1858
Cher Monsieur l'abbé et fils
en N.S.,
Je partage bien vivement votre affliction au sujet de la
sortie si inattendue du f. Joseph [Loquet]. Je ne sais, non plus que vous, à
quoi l'attribuer, n'ayant pas vu ce pauvre jeune homme avec assez de suite pour
le bien connaître et pénétrer sûrement ses dispositions. Nous ne l'avons pas vu
jusqu'ici et n'avons aucun indice qui nous fasse penser qu'il soit à Paris. Je
viens d'envoyer un mot d'avis à la maison de Nazareth afin que, s'il y venait,
on l'accueillît bien et on me l'amenât. Toutes ces épreuves sont bien pénibles
pour nous, pour vous surtout, cher Monsieur l'abbé, mais les épreuves viennent
de Dieu qui sait en tirer avantage pour nous comme pour les œuvres dont nous
sommes chargés. Ayons donc bonne confiance, sa grâce ne nous manquera pas; Il
ne peut vouloir le dépérissement d'institutions charitables qu'Il a lui-même
inspirées et si visiblement soutenues, attendons beaucoup de sa bonté
miséricordieuse, tout ce que nous aurons espéré nous sera certainement accordé.
Le f. Augustin [Bassery] va un peu mieux, votre dernière
lettre lui a fait du bien. Il a passé la journée d'hier ici et m'a semblé en
meilleures dispositions. Les dernières lignes de votre lettre, où vous lui
disiez de bien marcher jusqu'à la conscription, lui ont donné l'espérance qu'il
pourrait être rappelé à ce moment à Arras, c'est peut-être ce qui contribue à
le remettre. Ce sera, en tout cas, du temps de gagné; des pauvres enfants,
aussi peu solides, ont besoin d'être soutenus et conduits au jour le jour.
Nous attendons les renseignements que vous avez
recueillis au sujet du pauvre f. Joseph. Nous prions de tout notre cœur pour
lui et pour votre chère maison que cette nouvelle difficulté va mettre encore
plus en gêne. Je ne vois pas bien nettement, au premier aspect, comment nous
pourrions vous secourir efficacement. Nous avons été obligés d'adjoindre M.
Legallais au f. Georges [de Lauriston] qui se trouble aisément dans ses emplois
et a besoin d'être solidement assisté. le
f. Alphonse Vasseur surveille, avec sa cordonnerie, l'ensemble des ateliers. M.
Boucault est le soutien de l'atelier de ciselure; il ne reste d'un peu solide
pour la conduite des enfants que les ff. Thuillier et Ernest Vasseur, dont le
premier à l'infirmerie et le second à la lingerie. Les ff. Louis [Boursier],
Jean [Maury] et Claude [Bulfay] ne peuvent être sortis des travaux manuels. Nous
chercherions pourtant avec vous quelles combinaisons seraient possibles, si
vous étiez en trop grande peine. Soyez bien assuré, cher Monsieur l'abbé, que
notre cœur est avec vous, que nous partageons vos difficultés, et nous ne
mettons nulle différence entre nos intérêts et les nôtres. Prions ensemble,
Dieu nous donnera des marques nouvelles de son amour et de sa miséricorde.
Assurez bien tous nos frères que nous leur sommes tendrement unis et que nous
avons bien à cœur l'affliction dont ils sont tous frappés avec vous.
Adieu, cher Monsieur l'abbé, j'attends de vos nouvelles
bien prochainement.
Votre ami et Père en N.S.
Le Prevost
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