531  de M. Lantiez à M. Halluin - P.S. de M. Le Prevost

Le travail manque à Paris. Difficulté pour placer un jeune ouvrier.

Vaugirard, 29 mars 1858

Mon bien cher frère,

M. le Supérieur a appris avec bonheur votre prochaine arrivée, et nous aussi nous nous en réjouissons. Pour Jules, ce bon ami a bien mal été depuis quelque temps. M. le Supérieur lui avait donné jusqu'à Pâques pour réfléchir, mais voyant qu'il ne tournait pas mieux, nous lui avons dit de penser à se placer. Nous pensons vous l'envoyer ces jours-ci, car, outre le chômage actuel qu'il y a à Paris, l'ouvrage manquant presque partout, il rencontrerait tant de dangers pour son salut qu'assurément c'est un grand service que de le placer ailleurs. Je vous envoie une lettre qu'il écrit à M^lle Filly. Il ne sait si elle demeure toujours aux Augustines. Ce serait peut-être un moyen de le placer.

Nous avons beaucoup de maux de gorge en ce moment; cela à part, tout va bien. Comment vont tous nos chers ff. d'Arras? J'ai hâte de vous voir pour causer au long de cette chère maison d'Arras qui nous intéresse tous au plus haut degré. Quant aux défections, elles nous prouvent la nécessité de nous serrer les uns contre les autres par la charité, nous serons ainsi plus forts.

Présentez bien à mes bien chers frères mes sentiments dévoués, et veuillez me croire toujours

Votre tout affectionné et dévoué en N.S.

L. Lantiez pr.

Je joins toutes mes affections à celles de notre bon abbé Lantiez. Nous avons bien examiné pour Jules quel serait le meilleur parti pour son intérêt. Il nous a semblé qu'il y avait bien peu de chances favorables pour lui temporellement à Paris, dans ce moment les industries étant en souffrance. Par dessus tout, nous voyons mille dangers pour son salut. Il n'a pas assez de simplicité pour s'associer présentement aux réunions de jeunes ouvriers qui pourraient le soutenir et l'entourer chrétiennement. Il vaut donc mieux qu'il retourne en province jusqu'à ce que sa raison ait un peu mûri. Nous vous l'enverrons dans le cours de la semaine, espérons que vous pourrez le placer à Lille, selon son désir. Je pensais que M. Flour aurait pu le placer à Boulogne, et peut-être le loger dans sa maison. Vous jugerez si ce moyen est praticable. Le f. Georges [de Lauriston] vous écrira. Il est dans...