Un Jésuite prêche la retraite de Communauté. Neuvaine
pour solenniser le transfert des reliques de saint
Vincent de Paul. Nouvelles des frères.
Vaugirard, 15
avril 1858
Cher Monsieur l'abbé et fils en N.S.,
J'attendais pour vous écrire que les dispositions de
notre retraite fussent définitivement réglées, afin de vous les dire d'une
manière exacte. Elle commencera le dimanche au soir, 25 de ce mois, et se clora
le vendredi matin, 30. Le r.p. Renaud, ancien Provincial des Jésuites et Père
spirituel de tous les Pères du collège, a bien voulu se charger de nous
conduire durant cette retraite. On nous assure que c'est un homme consommé en
science chrétienne et qu'il nous donnera pleine satisfaction. Nous commencerons
demain vendredi une neuvaine à St Vincent de Paul, dont la
translation des reliques se solennisera dimanche, afin d'obtenir que ce temps
de recueillement spirituel refasse bien nos âmes.
Le f. Augustin [Bassery] est parti vendredi au soir pour
sa destination, bien disposé à marcher dans le bon chemin. Il m'a dit que vous
aviez un Chef de bataillon à qui vous deviez le faire recommander. Je pourrai,
de mon côté, le faire appuyer près de M. de Ledinghem (j'écris mal son nom),
mais je pense que c'est lui-même que vous avez en vue et à qui vous voulez le
recommander.
Ferdinand va présentement assez bien. Il vous reverra
avec une grande joie. Il est bien plus à son affaire depuis le départ de Jules.
Le petit f. Brice m'écrit pour demander avec instance à
venir à la retraite, protestant qu'il va désormais vous donner pleine
satisfaction et vous témoigner tout son attachement pour l'œuvre et pour la Communauté. Je lui
réponds que je me concerterai avec vous à ce sujet.
M. Caille est momentanément à Paris, mais nous ne l'avons
vu que quelques instants; il repart demain pour Amiens. Nous ne pouvons pas
chercher la consolation sensible dans nos rapports de fraternité, car c'est à
peine si nous pouvons nous rencontrer à de courts moments, suivis de bien
longues absences. Mais la charité forme des liens assez solides pour qu'ils
puissent se passer de ce secours. Il en est de même avec vous, cher Monsieur
l'abbé, mais nous aurons, je l'espère, l'éternité pour nous voir et pour nous
unir ensemble dans le Cœur de notre Dieu. En attendant, nous profiterons toujours
des quelques instants que vous nous devez donner la semaine prochaine. Tous nos
frères, ainsi que moi, se réjouissent à la pensée de votre arrivée; nous
regrettons seulement que votre séjour doive être si court et ne puisse vous
donner un véritable et bien nécessaire repos.
Adieu, cher Monsieur l'abbé, à bientôt. Prions les uns
pour les autres et pour toutes les âmes que nous avons à cœur de soutenir et de
sauver. Je vous embrasse bien affectueusement ainsi que vos frères, et suis
avec un respectueux attachement
Votre ami et Père en N.S.
Le Prevost
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