537  à M. Halluin

Pendant la retraite, entretiens de MLP. avec les jeunes frères d'Arras.

Vaugirard, 1^er mai 1858

Cher Monsieur l'abbé et fils en N.S.,

Voilà notre retraite finie, vos chers enfants repartent pour retourner vers vous accompagnés du f. Thuillier qui va, je l'espère, avec le bon désir de servir Dieu de tout son cœur avec vous. Le f. Michel a demandé à ne pas renouveler ses vœux, désirant, m'a-t-il dit, devenir instituteur afin d'aider sa famille. Je lui ai fait quelques représentations, mais il n'a pas paru goûter et a persisté dans sa pensée. Quant à Brice, il semble avoir grand peur de la maison de Vaugirard et m'a paru bien déconcerté quand je lui ai demandé, en plaisantant, s'il aimerait à y rester. Le f. Jean-Marie [Tourniquet] me dit qu'il croit savoir que Jules n'est pas une bonne relation pour lui. Je n'attache guère d'importance à tous les petits mouvements en sens divers de ces enfants. Je crois pourtant que nous avons à nous défier pour nous-mêmes des impressions qu'ils peuvent prendre sans l'ombre de raison. Ainsi, j'ai vu avec peine une phrase de la lettre du f. Augustin [Bassery] qui tendrait à vous faire penser que je n'entre pas bien dans vos vues pour la conduite de la maison d'Arras et que je ne tiens pas bien compte des défauts et des torts de M. Carment. Rien n'est moins vrai ni plus dépourvu de tout fondement. J'ai dit simplement quelques mots de commisération pour le f. Carment, dont les défauts me semblent en grande partie provenir d'une vraie infirmité.

M. Tabarie me paraît être bien bon, bien simple, bien droit dans son désir de servir Dieu. J'ai la confiance qu'il pourra concourir à unir de plus en plus les parties de notre œuvre commune. Plus nous serons unis, plus nous serons forts.

Je voudrais, cher Monsieur l'abbé, m'entretenir plus longtemps avec vous, vous dire le bon succès de la retraite et les belles qualités du vénérable Père qui nous l'a donnée; nos chers MM. vous diront ces détails. Je n'ai que le temps de vous assurer qu'on n'y a oublié ni vous ni votre chère maison, et qu'il en sera toujours ainsi en toute occasion.

Recevez, cher Monsieur l'abbé, tous mes sentiments de respect et d'affection en N.S.

Votre ami et Père

Le Prevost