542  à M. Carment

Condoléances pour la mort de son père.

Vaugirard, 3 juin 1858

Mon bien bon ami et fils en N.S.,

Nous étions, comme vous, dans l'attente du douloureux événement qui vient de vous frapper ainsi que tous les vôtres; unis à vous par des liens de famille en Dieu et par adoption spirituelle, nous partageons votre peine profonde, comme nous avons pris part à vos sollicitudes et à vos peines durant la maladie de votre bon père. Mais, je me hâte de le dire, nous entrons aussi dans les consolations de votre cœur de fils et de chrétien en considérant la fin si édifiante de celui que vous regrettez; les longues souffrance qu'il a si patiemment, si courageusement endurées, et enfin les marques de tendre confiance qu'il a données envers la T. S^te Vierge. On n'a pas vu ici plus qu'en aucun autre moment qu'elle ait abandonné ceux qui lui appartiennent; vous vous êtes tout particulièrement consacré à elle, et, dans cette grave circonstance, elle ne vous a rien refusé de ce que vous lui avez demandé pour votre bon père, pas même d'abréger ses souffrances quand un mouvement intérieur a averti votre chère sœur et vous que vous pouviez sans témérité faire cette prière au Dieu des miséricordes. Restez bien, jusqu'à votre dernier jour, l'humble serviteur de cette bien-aimée Maîtresse, et son secours vous accompagnera aussi incessamment. Assurez bien votre chère famille de nos tendres sympathies pour son affliction et de notre empressement à prier pour votre chère défunt, dont je me rappelle en particulier toute la bonne amitié pour moi.

Nous sommes un peu en gêne en ce moment; M. Choyer est retourné à Angers et ne reviendra que dans quelques semaines; M. Myionnet est au lit depuis trois jours, son absence est bien sentie pour les ateliers, etc.; espérons que le bon Dieu nous viendra en aide.

Nos enfants ont bien prié tous ensemble aujourd'hui pour votre bon père; la S^te Messe sera dite aussi à la chapelle à son intention, vous pouvez bien le penser d'avance; nous acquittons ainsi une dette de charité et nous glorifions le bon Maître qui a dit: "Aimez-vous les uns les autres".

Adieu, bien cher enfant, je vous embrasse affectueusement en J. et M.

Votre ami et Père

Le Prevost