Paroles de consolation à l'occasion du décès de son père.
Instances discrètes pour le retour en communauté.
Vaugirard, 6 juin 1858
Mon bien cher enfant en N.S.,
J'apprends avec satisfaction que vos bons parents et
vous, soutenus par la foi, vous prenez avec soumission la peine profonde dont
le Seigneur vous a frappés. Les dispositions si pieuses, si résignées de votre
bon père et sa fin si édifiante sont en effet un grand sujet de consolation et
une cause de douce espérance; tournons nos yeux de ce côté et nous y
trouverons, avec la consolation, un motif de plus de nous soutenir dans la voie
de la piété et du dévouement, puisque le terme sera la paix et la douce joie de
nous réunir à ceux que nous avons tant aimés sur cette terre.
Je sens bien les motifs qui vous font désirer de rester
encore quelques instants près de votre famille, et je sympathise trop à tout ce
qui vous touche pour ne pas entrer dans vos sentiments à cet égard. je vous prie toutefois de considérer
que vous aurez cette année payé une grande dette aux affections et devoirs de
famille, et qu'il est bien de faire aussi la part des autres obligations que le
Seigneur vous a imposées. M. Myionnet se lève et commence à
reprendre un peu de force, mais il est loin de soutenir la vie active qu'il
mène d'ordinaire, et bien des soins de surveillance et d'ordre restent négligés
forcément par lui. Il regarde bien souvent sur la route pour voir s'il ne vous
apercevra pas venir; tâchez donc, mon bon ami, de retarder le moins que vous
pourrez le moment de votre retour; jeudi ou vendredi me semblerait un délai
raisonnable; voyez si vos bons parents, que j'ai toujours trouvés si sages, ne
peuvent s'accommoder de cet arrangement qui me paraîtrait faire à tout une part
équitable.
Nos frères ont pris bien cordialement intérêt à votre
affliction et j'ai été satisfait du sentiment général qui s'est manifesté parmi
eux, comme de l'empressement qu'ils ont mis à prier pour votre bon père, pour
vous et pour les vôtres.
Adieu, mon bien cher enfant, à bientôt; nous vous
accueillerons avec la joie qu'on a à revoir un fils et un frère.
Votre dévoué ami et Père en N.S.
Le Prevost
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