Nécessité de poser nettement les questions dans la
correspondance. Projet de mouvement de personnel. Lacunes de l'œuvre
d'Arras.
Vaugirard, 17 juin 1858
Mon bien bon ami et fils en N.S.,
Le f. Eugène Carment, de retour parmi nous depuis lundi,
me dit que mes réponses touchant vos petits embarras intérieurs ne vous ont point
satisfait; je regrette de ne vous avoir point donné de solutions qui vous
tranquillisassent, mais les choses n'étant posées que d'une façon fort générale
dans vos lettres, je n'ai point trouvé lieu à d'autres déclarations que celles
qui sont énoncées dans mes réponses. Si vous voulez bien me poser en
particulier les points qui sont pour vous matière à difficulté, j'essaierai de
vous dire comment nous agirions dans les circonstances où nous nous trouvons.
Si les réclamations de M. Deberly portent sur les
exercices trop multipliés auxquels il est assujetti le dimanche, je ne serais
pas loin de partager son avis, parce que j'ai été frappé moi-même en ce sens,
lors de mon voyage à Amiens. Mais, hors cela, je ne vois pas de quel
côté peuvent porter ses réclamations. Je le répète, je reste disposé à vous
donner toutes les explications détaillées que vous désirerez, aussitôt que vous
m'aurez posé les points. Enfin, s'il était réellement urgent que l'un de nous
allât à Amiens, nous le ferions assurément, bien qu'en ce moment nous soyons un
peu chargés.
Son Eminence Mgr l'Archevêque de Paris vient
lundi nous visiter et donner la
confirmation à
nos enfants. Nous avons ensuite l'adoration des Quarante Heures dans les
premiers jours de juillet.
M. Georges de Lauriston trouvant le patronage de Grenelle
par trop lourd pour sa santé qui n'est pas très robuste, sans être débile, nous
allons, sans doute, le mettre à la conduite des jeunes ouvriers dépendant de la
maison de Nazareth, quoi qu'ayant leurs réunions dans une maison séparée,
située en face sur le boulevard. De là, obligation de le remplacer à grenelle. Nous ne voyons guère de sujet
formé, sinon le f. Alphonse Vasseur; c'est une contrariété pour nous parce que
son atelier de cordonnerie, qui va bien et qui fait tout le service des
chaussures de la maison, va se trouver en souffrance; de plus, il était bien
utile à M. Myionnet pour la discipline de la maison; enfin, il est encore un
peu jeune d'esprit et un peu de maturité de plus eût été un avantage, mais nous
ne voyons pas comment nous pourrions bien pourvoir Grenelle autrement. Je vous
donne ces détails confidentiellement, les choses étant encore à
l'examen297.
M. Myionnet, retenu au lit depuis quinze jours, commence
à se remettre; j'espère que sa convalescence va se confirmer.
Je vous serai obligé de me dire si Mlle Denis
ne vous a pas remis 75f
pour un trimestre de la pension du jeune Normandie; M. Carment nous apporte de
sa part une pareille somme, mais pour un trimestre en avance, tandis que,
d'après nos registres, elle en doit un qui vient d'échoir. Vous savez qu'elle a
montré déjà un peu de mécontentement que nous ne fussions pas bien informés de
ses paiements entre vos mains; je vous saurai gré de nous dire si ce versement
vous a été fait.
Je n'ai pas de nouvelles récentes d'Arras, les choses y
vont comme de coutume; je ne vois guère que la communauté s'y constitue, nous
n'avons pas de secours suffisants à y envoyer et, de son côté, M. Halluin ne
tend pas assez à mettre l'unité dans la composition de son personnel et est
trop occupé pour y donner ses soins. Allons néanmoins en patience et laissons
le bon Dieu disposer les choses à son gré.
Le nouveau frère qui nous est arrivé il y a un mois, M.
Desouches, continue de nous donner satisfaction; il seconde utilement M.
Lantiez dans les classes; il est pieux, semble être très sociable et vraiment
propre à la vie religieuse.
Adieu, mon bien bon ami, si vos affaires vous attirent
bientôt à Paris, nous en serons bien heureux; on s'entend plus vite et plus
sûrement par quelques explications verbales que par de longues correspondances.
mais ayons confiance; en tout cas, cherchons sincèrement la gloire de Dieu et
invoquons son appui, nous ne saurions ainsi faire fausse route et nous éloigner
de notre fin.
J'écrirai mardi, après notre confirmation, aux frères
Jules [marcaire] et Henry [guillot], le temps me manque
aujourd'hui. Mille affections de tous ici pour vous et pour eux.
Votre tout affectionné ami et Père en N.S.
Le Prevost
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