587  à M. Caille

Echanges de vœux de bonne année. Des lettres se sont égarées. L'abbé Leleu entre en Communauté.

Vaugirard, 31 décembre 1858

Mon bien bon ami et fils en N.S.,

Je commence par vous remercier, ainsi que nos chers ff. Jules [marcaire] et Henry [Guillot], de vos bons souhaits à l'occasion de ma fête et de la fin de l'année; nos vœux sont réciproques, vous en êtes bien persuadé, et, comme ils se traduisent constamment en prières, ils ne seront pas sans effet pour nous. J'espère que le Seigneur daignera répandre sur vous et sur notre maison ses abondantes bénédictions et qu'Il vous donnera cette paix qu'il a promise aux siens, cette paix qui surpasse tout sentiment. Je lui demande aussi beaucoup de grâces pour vos chers enfants, objets de vos sollicitudes et des efforts de votre zèle.

Je suis grandement étonné, mon bon ami, de l'observation que vous me faites de nouveau sur la rareté de mes lettres; je dois présumer, d'après vos réclamations, que mes deux dernières ne vous sont point parvenues, je ne puis m'expliquer un pareil fait, jamais jusqu'ici nos lettres ne se sont égarées; j'ai répondu à toutes les questions que vous m'avez faites, pour l'admission d'un enfant, je vous conseillais de promettre à M. Cacheleux la première place vacante, et pour le drap je me conformais à votre avis et vous priais d'en demander 50 mètres à 7f 50; je joignais même dans ma lettre un petit morceau de ce drap portant le numéro de la pièce. Je ne trouve aucune explication à la double disparition de mes deux lettres; voyez de votre côté si elle vous semble pourvoir se comprendre.

M. Myionnet reste toujours fort impotent et ne marche qu'avec des béquilles péniblement, nous sommes conséquemment plus chargés que de coutume; ces jours-ci, je me suis fatigué, je m'en ressens présentement et suis contraint de rester au repos; je ne vous écris donc que quelques mots; si, par suite de la suppression de mes dernières lettres, quelque point recommandé par vous n'a pas eu de solution, dites-le moi et j'y donnerai satisfaction.

M^gr l'Archevêque nous a définitivement donné M. l'abbé Leleu que nous lui avions demandé; il a dit la messe le jour de la S^t Jean chez nous, il entre parmi nous au commencement de cette semaine, vous en bénirez Dieu avec nous, c'est une heureuse acquisition pour la Communauté.

Les choses vont assez bien à Arras, M. Halluin se plaint néanmoins toujours de l'insuffisance de son personnel, mais sa maison est si lourde à soutenir qu'il nous sera difficile de sitôt de répondre pleinement à tous ses besoins.

Adieu, mon bien bon ami, je vous embrasse tous les trois bien tendrement à la fin de cette année; il nous serait doux de nous trouver un peu réunis et d'être en famille en ces jours où l'on aime à se rapprocher des siens, mais nous nous réunirons dans le Cœur de notre divin Seigneur et dans le Cœur immaculé de la S^te Vierge notre Mère, là, nous sommes sûrs de nous retrouver en paix, heureux et bénissant Dieu.

J'écrirai bientôt à mes ff. Jules et Henry; un peu de lassitude m'empêche de le faire aujourd'hui.

Votre dévoué ami et Père en J. et M.

Le Prevost